Star InactiveStar InactiveStar InactiveStar InactiveStar Inactive
 

Index de l'article

Share

 

Conclusion à cette discussion

§ 136 Puisque l'existence d'ordres contradictoires du Prophète r pour et contre la mise par écrit du Hadith— n'a pas causé de perplexité chez les Compagnons du Prophète, cela ne doit pas non plus nous rendre perplexes. Chaque chose doit être examinée dans son contexte et le seul but doit être de découvrir la vérité et rien que la vérité quel que soit le moyen qui permette de rester en terrain sûr. L'interdiction par le Saint Prophète de consigner le hadith eût été générale et absolue, ni Abu Bakr ni 'Umar ne l'auraient ignorée. Nous avons vu plus haut (§ 59, 60) que ces deux très proches

(193) al-Khatîb al-Baghdâdî, Kifâyah, p. 237; Manâzir Ahsan Gîlânî, Tadwîné-Hadith (en urdu), p. 199.

(194) Ikhtisâr al-Mundhirî U-sunan Abî Dâwûd, V, 245-246, cité par l'éditeur de la nouvelle édition du Musnad d'Ibn Hanbal, sous le N° 6510.

Compagnons du Prophète avaient rédigé le hadith ou du moins désiré le faire, et, bien qu'il soit exact que l'un d'entre eux ait détruit ce qu'il avait déjà écrit et que l'autre ait abandonné l'idée d'un recueil écrit, aucune de ces décisions ne fut fondée sur une injonction du Prophète: ce fait constitue en lui-même la preuve que l'injonction de ne pas mettre par écrit le hadith ne fut ni générale ni étendue à tous les sujets.

Remarques finales

§ 137 Dans une histoire très détaillée de la codification et de la préservation du hadith, on pourrait montrer comment l'information a été collectée à partir de ceux qui n'avaient pas d'aptitude littéraire mais possédaient une connaissance de première main des événements en question et comment dans cette quête de la connaissance (talab al-'ilm), on ne négligea rien et l'on ne ménagea pas sa peine; comment d'àbord des mémoires individuels furent rédigés, ensuite des compilations locales, régionales et même plus vastes, unifièrent toutes les données disponibles concernant les paroles et les actes du Saint Prophète; comment plusieurs méthodes (comme Usûl al-hadîth, Rijâl, etc. ) furent inventées pour scruter l'authenticité de chaque narration, embrassant des techniques de critique littéraire. Par exemple on vit apparaître dictionnaires biographiques spécialisés sur les transmetteurs de hadith, avec mention des noms des maîtres aussi bien que des élèves de chaque narrateur (ce qui est n'écessaire pour contrôler l'authenticité de la chaîne de sources pour chaque rapport), la mémoire de chacun et son intelligence, son caractère, sa réputation générale, etc. C'est sur la base des témoignages intérieurs et extérieurs que chaque rapport est jugé. C'est l'honnêteté et l'intégrité du narrateur qui sont prises d'abord en considération, puis on examine si la transmission d'une génération a l'autre a été bien établie, et si aucun chaînon intermédiaire ne manque. On prête attention au contexte, à la vraisemblance historique et a. d'autres sujets similaires. Depuis des temps très reculés, on a attaché de l'importance à l'authentification afin de rejeter de simples ouï-dire: on s'efforce d'aller jusqu'à la source originale. Il n'est pas exact de dire que la méthode de lire en présence du gardien attitré de la tradition connue (ou de l'écouter) lut mise en application plusieurs siècles après l'époque du Prophète. Dans le § 53 ci-dessus nous avons vu que cette pratique avait commencé du vivant du Saint Prophète. Pour les époques ultérieures, je citerai deux exemples typiques: Ad-Dârimî a consacré tout un chapitre, de son Sunan à la question du collationnement (bâb fi'l-ard) (195) . La première relation dans ce chapitre dit: «'Asim al-Ahwa! raconte et dit: «J'ai présenté à ach-Gha'bî les traditions concernant des sujets juridiques et il m'a autorisé (à les transmettre sur son autorité)». Et encore: Ibn Hajar (196) cite: «Ibn Juraij dit; Je portai un livre à az-Zuhrî, dans le but de faire un collationnement en sa présence et lui dis: Je suis venu le lire en ta présence. Az-Zuhrî répondit: J'ai promis de faire cela en présence du fils de Sa'd ibn Ibrâhîm et tu sais qui est Sa'd (petit-fils de 'Abd ar-Rahmân ibn 'Awf)». Cha'bî et Zuhrî sont des auteurs de la fin du premier siècle et du début du second siècle de l'Hégire. Très tôt des professeurs commencèrent à signer des livres qu'ils avaient enseignés a leurs élèves. Les manuscrits du premier siècle de l'Islam à l'exception de quelques exemplaires du Coran-ont pratiquement tous été détruits par les Mongols lors de leur invasion de Baghdâd, puis par d'autres peuplades -lors de la prise de Cordoue et de Grenade, puis de Delhi (en 1858), Parmi les rares exceptions se trouve » le Hadhaf Nasab Quraich de Muarrij as-Sadûsî (mort en 195 H/8l 0-81 ). Ce n'est pas un ouvrage de hadith mais d'histoire générale, sujet pour lequel on était moins exigeant. La méthode employée d'enseignement ou transmission de maître à élève, dans cet ouvrage d'histoire (généalogie) nous donnera une idée de la rigueur, combien plus stricte, dont ont dû faire preuve les maîtres, enseignant le hadith de leur Prophète r à cette époque. Le manuscrit du Hadhaf nasab Quraich a été découvert par le Prof. Ibrâhîm al-Kattân de l'université de Rabat et est maintenant conservé à la Bibliothèque et Archives Nationales de Rabat (MS N° 99).
 

(195) Sunan, Muqaddimah, ch. 53.

(196) Tahdhîb at-Tahdhîb, III, N° 866 (p. 465, au nom Sa'd ibn Ibrâhîm

Très aimablement, le gouvernement marocain m'a fait don d'un microfilm de ce manuscrit. Il est daté du vendredi 6 Ramadan 252 H/866. Sa page de titre porte mention de plusieurs collationnements. (Comme l'ouvrage a été édité par Salahuddin Munajjed, avec les indispensables photographies des pages du MS, je n'ai pas besoin de m'y attarder). L'histoire de la transmission et de la conservation du hadith est un vaste sujet dont on ne peut malheureusement pas traiter exhaustivement ici.

§ 138 Ici, comme simple introduction d'un manuscrit sur le hadith, nous avons traité d'un seul aspect à savoir l'histoire de la mise par écrit du hadith du vivant du Prophète lui-même ou peu après sa mort par ceux-là même qui avaient eu connaissance, en première main, de la matière. Recueil, apprentissage par cœur, contrôle des copies par ceux qui étaient autorisés à assurer la transmission de la connaissance du hadith dans son intégrité, mention de la source de chaque rapport individuel de génération en génération, voilà quelles furent les méthodes appliquées. Il ne s'agissait pas d'étrangers, ignorants des coutumes et des sentiments du milieu en cause mais de savants autochtones, pleins de sympathie et de dévotion pour le sujet, sincères et pieux dans leur approche et scrupuleux à l'extrême, ne cherchant que la vérité. Sans aucun doute, ils étaient des êtres humains, mais si l'on comparait les méthodes historiques utilisées par ces premiers Musulmans avec les méthodes modernes —compte rendus tendancieux des journaux non exempts de déformation volontaire, documents officiels intentionnellement trompeurs et ambigus, historiens souffrant de l'insuffisance de documents, assertions invérifiables,—le hadith ferait la preuve qu'il nous est parvenu d'une manière telle que rien de mieux n'était humainement possible. Aussi la Sahîfah d'Abû Hurairah, rédigée pour son élève Hammam ibn Munabbih, constitue-t-elle un document précieux qui non seulement dément de nombreuses conjectures mais encore donne de manière concluante la preuve de ce dont étaient capables
les auteurs musulmans classiques.

 

Share

 

Aller au haut
Path2Islam.com
× Progressive Web App | Add to Homescreen

Pour installer cette application Web sur votre iPhone/iPad, appuyez sur l'icône. Progressive Web App | Share Button Et puis Ajouter à l'écran d'accueil.

Hors ligne