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§ 75 (n) Les œuvres du grand traditionniste Abu Hurairah

Abu Hurairah appartenait à la tribu de Daus au Yemen.
Ce n'est qu'en l'an 7H/628 qu'il vint à Médine et embrassa l'Islam, néanmoins il connut plus de hadiths que nombre de ceux qui avaient embrassé l'Islam plus tôt. Il l'explique lui-même de la manière suivante:

«Abu Hurairah a dit: on dit (en manière de reproche):

«Abu Hurairah rapporte trop (de hadiths)». S'il n'y avait pas en ces deux versets dans le Livre d'Allah     je n'aurais pas
rapporté un seul hadith. Il récita alors les versets 159 et 160 de la seconde sourate du Coran dont voici la traduction:

«Oui, ceux qui cachent ce que nous avons fait descendre en fait de preuves et de direction après l'exposé que nous Nous en avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux que Allah   maudit, et que maudissent les maudisseurs. Sauf ceux qui se sont repentis et corrigés et déclarés: d'eux alors. Je reçois le repentir. Et Je suis, Moi, l'accueillant au repentir, le Miséricordieux».

Pendant que nos frères Muhâjirites (immigrants mecquois) s'affairaient sur la place du marché aux ventes et aux achats et que les frères Ansârites (d'origine médinoise) travaillaient dans leurs jardins agricoleset horticoles, moi (Abu Hurairah,) oublieux des exigences de mon estomac, je ne m'écartais pas d'un pouce du Saint Prophète. J'étais avec lui quand les autres étaient absents (à leurs occupations respectives) et étais témoin de choses dont ceux-ci n'avaient pas eu connaissance». (142)

(141) «Abd ar-Rahmân b. 'Abdallâh b. Mas'ûd montrait un livre et jurait: C'est le livre de mon père» (al-Hâkim, al-Mustadrak; Ibn 'Abd al-Barr, Jâmi' bayân al-'ilm, entre autres sources).

(142) al-Bukhâri, Sabîh, 3:42 (K. 'ilm, B.Hifzal-'il

§ 76 Abu Hurairah savait non seulement lire et écrire-qualité rare alors — mais encore il avait une grande aptitude littéraire. Il avait appris la langue perse (143) et, semble-t-il, aussi l'abyssin (144) ; on a dit qu'il connaissait bien le contenu de la Bible(145). Le Saint Prophète était aussi très frappé par l'avance intellectuelle du Yémen sur le reste de l'Arabie, aussi lorsque une délégation yéménite vint à Médine pour embrasser l'Islam, il s'exclama: «La foi (imân) est yéménite, la loi (fiqh) est yéménite, la sagesse (hikmah) est yéménite». (146) Cela n'est pas surprenant si l'on se rappelle que la culture et la civilisation à Saba et à Ma'în (Yémen) s'étaient haussées au pinacle de leur réputation, des siècles avant la fondation de Rome et même d'Athènes. Là, la vogue et le développement des arts et des lettres se poursuivaient même sous des dynasties juive (de Dhû Nuwâs) et chrétienne (d'Abyssinie) comme l'a mis en lumière la découverte d'inscriptions qui leurs sont contemporaires. Les Abyssins avaient cédé la place à un envahisseur non moins civilisé, les Perses, qui tenaient encore le pouvoir à l'époque de la conversion d'Abû Hurairah.

(143) cf. al-Baihaqî, Sunan hubrà (éd. Haiderabad, 1354), VII, 3: «Alors que j'étais assis en compagnie d'Abû Hurairah, une dame perse vint à passer avec son fils. Elle et son mari qui avaient divorcé réclamaient la garde de l'enfant. Parlant en langue perse, que ne comprenaient pas les autres, elle dit: 0 Abu Hurairah mon ex-mari veut garder mon fils avec lui. Abu Hurairah répondit dans la même langue: Décidez pour l'enfant par tirage au sort (qur'ah). . .» Outre le célèbre Salmân al-Fârsî, on rencontre d'autres Perses à Médine, même au temps du Prophète. (Leur origine est obscure, peut-être des réfugiés ou des prisonniers de guerre des Byzantins réduits en esclavage et vendus).
Pour l'un d'entre eux qui semble n'avoir pas même connu l'arabe, cf Ibn Hanbal, III, 273. Apparemment cela se situe au cours des premières années après l'Hégire. Voir aussi, pour ce qui concerne l'étude du perse par Zaid, § 25 ci-dessus.

(144) Bukhârî, 76/53. Cité aussi par Manâzir Ahsan Gîlânî, Tadwîn-é-Hadith, p. 439, sous l'autorité de Jam' al-fawâ'id.

(145) adh-Dhahabî, Tadhkirat al-huffâz, 1, 34: «Ka'b (le rabbin juif instruit converti à l'Islam) dit: «Je n'ai vu personne parmi ceux qui n'ont pas étudié la Thora, qui connaissent contenu mieux qu'Abû Hurairah,»

(146) Musiim, Sahîh, K. îmân, B. tafâdul ahl al-îmân. cf. aussi Ibn Hanbal Musnad, N° 7496.

§ 77 II apparaît que lorsque Abu Hurairah embrassa l'Islam, il se mit, dans sa ferveur religieuse, à consigner par écrit non seulement le Coran mais aussi les dires du Saint Prophète r et la description de ses actions. De peur que les rédactions s'embrouillent et se compliquent, le Prophète r interdit que l'on mît par écrit quoi que ce soi d'autre que le Coran. En conséquence, tous les écrits qu'on avaient probablement portés sur des omoplates de chameaux et de moutons etc. . . furent mis au feu (147). Apparemment, cela eut lieu aux premiers jours de sa conversion, alors qu'il ne connaissait pas bien le Coran et n'était pas en mesure de le distinguer aisément du hadith. Plus tard, quand Abu Hurairah connut mieux le Coran, cet embargo dut cesser. (Nous reviendrons sur ce sujet de nouveau). Il convient de noter qu'Abû Hurairah était venu du Yémen où l'écriture musnad était en usage, et non l'arabe. Il se peut qu'il n'ait appris l'écriture arabe qu'après sa conversion avec tous les défauts qui s'y rattachent pour un débutant.

(147) Ibn Hanbal, Musnad, III, 12-13. Les techniciens du Hadith ont trouvé qu'un des individus dans la chaîne de narrateurs de ce hadith n'est pas tout à fait impeccable.

§ 78 Si, du vivant du Prophète, Abu Hurairah avait une passion indomptable pour la lecture, l'écriture et l'étude,son zèle pour communiquer ses connaissances ne se trouva nullement amoindri au cours des années ultérieures. Ainsi, se fondant sur l'autorité d'al -Bukhârî, Ibn Hajar (148) écrit:

«Environ 800 ou davantage des Compagnons du Prophète et de leurs successeurs et d'autres hommes érudits ont transmis le hadith sous l'autorité d'Abû Hurairah.»

§ 79 Abu Hurairah avait beaucoup de mémoire comme on va le montrer plus loin. Il était aussi très franc, parlait sans ménagement et ne tenait compte de personne – grand ou petit - quand il s'agissait d'exprimer ce qu'il considérait être juste. Il était en même temps passionné de vérité, et dès qu'il se rendait compte d'avoir commisune erreur il le reconnaissait immédiatement sans embarras ni hésitation. Quoi qu'on ait pu dire d'autre à son encontre, l'honnêteté de son intention et la véracité de ses déclarations étaient absolument sans défaut. Au temps des califes il donna lieu à critique en quelques occasions, mais seulement au sujet de sa capacité de déduction ou d'interprétation juridiques. L'incident ci-après permettra d'illustrer cela : II avait une fois observé que le Saint Prophète, après avoir mangé avait fait ses ablutions, puis accompli les prières. Il en déduisit que le fait de manger de la nourriture touchée par le feu rendait nécessaire le renouvellement des ablutions. Mais il n'avait pas préalablement vérifié si le Prophète était ou non en état de pureté rituelle avant son repas. Plus tard, quand il émit cette opinion, son jeune ami, 'Abdallâh ibn 'Abbâs demanda s'il était permis d'accomplir les ablutions (en hiver par exemple) avec de l'eau chauffée (car l'eau chauffée pouvait être considérée comme quelque chose de touché par le feu). Abu Hurairah dut alors convenir de son erreur de déduction.

(148) Tahdhîb at-Tahdhîb, XII, 265, N° 1216.

§ 80 En tant que juriste, Abu Hurairah n'occupe pas une position éminente comme chacun des quatre califes orthodoxes ou 'Abdallâh ibn Mas'ûd, 'Aïchah, 'Abdallâh ibn 'Umar et d'autres. Mais, si dans ses récits concernant ce qu'il a vu ou entendu, on peut mettre à part ses opinions personnelles, ses narrations constituent assurément une source inestimable, une source sûre pour tout ce qui concerne les traditions du Saint Prophète r.

§ 81 Abu Hurairah a lui-même attribué la puissance de sa mémoire a la bénédiction qu'il reçut du Prophète. (149) Entendant parler de la réputation de sa mémoire, Marwân ibn al-Hakam, gouverneur de Médine suscita l'occasion d'éprouver cette faculté. Il l'invita un jour chez lui et, après avoir conversé avec lui sur divers sujets, commença à l'interroger sur le hadith du Prophète. Un secrétaire était assis derrière un rideau qui écrivait tout ce qu'Abû Hurairah disait, ce dernier étant tout à fait ignorant de cet arrangement.
Le secrétaire raconte: «Marwân continua à l'interroger et moi à écrire et le nombre de hadiths s'accrut beaucoup.Après un délai d'un an, Marwân fit de nouveau venir Abu Hurairah, j'étais cette fois encore, assis derrière le rideau.Il revenit à le questionner sur les mêmes traditions et moi, je comparais ce qu'il disait cette fois avec ce qu'il avait raconté précédemment. Il ne dit ni un mot de plus ni un mot de moins.(150) Ceci établit non seulement la véracité de l'excellente mémoire d'Abû Hurairah mais aussi le fait que, sur ordre de Marwân, nombre de hadiths racontés par Abu Hurairah furent mis par écrit et que ceux-ci furent même vérifiés, peut-on dire, par confrontation avec l'original.

(149) Bukhârî, 3/42/2, 41)21/2.

(150) Bukhârî, Kitâb al-kunâ, p. 33, N° 289, s.v. Abu'z-Za'za'ah, secrétaire de Marwân.

§ 82 Mise à part cette codification qui vient d'être mentionnée, il existe d'autres recueils de hadiths fondés sur ce qu'Abû Hurairah savait et transmettait. Ainsi on rapporte que le second recueil fut en possession du père du calife 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz: en effet Ibn Sa'd raconte: (151) 'Abd al-Azîz b. Marwân écrivit à Kathîr ibn Murrah al-Hadramî-lequel avait rencontré à Emèse nombre de Compagnons du Prophète, parmi lesquels soixante-dix avaient participé à la bataille de Badr (en l'an 2H/623),. . . lui donnant ordre de mettre par écrit les hadiths qu'il aurait entendus des Compagnons du Messager d'Allah    , à l'exception de ceux en provenance d'Abû Hurairah, «puisque nous les possédons».

§ 83 Bachîr ibn Nahîk, élève d'Abû Hurairah, copia et «édita» un troisième ouvrage de celui-ci; il raconte: «Je mis par écrit ce que j'entendais de la bouche d'Abû Hurairah. Avant de prendre congé de lui, je lui présentai ce que j'avais écrit et le lui lus à haute voix puis je lui dis: Voilà ce que je t'ai entendu dire. Il répondit: Oui.» 152

§ 84 Un quatrième rapport, qui concerne l'existence de nombreux travaux d'Abû Hurairah dans sa bibliothèque privée, semble dater de sa vieillesse quand sa mémoire commença à faiblir. Ainsi al-Hasan ibn 'Amr ibn Umaiyah ad-Damrî dit: «Je répétai un hadith à Abu Hurairah qui me dit l'ignorer. Je lui dis alors: C'est de toi que je l'ai entendu. Il répondit: Si c'est de moi que tu l'as entendu, il doit se trouver chez moi par écrit. Il me prit alors par le bras et m'amena dans sa maison. Il me montra alors un grand nombre de livre de hadith (kutuban kathîratan), retrouva le hadith en question et s'exclama: Je t'avais bien dit que si je t'avais relaté ce hadith, il devait se trouver écrit chez moi.» (153)

(151) Ibn Sa'd, VII/ii, p. 157.

(152) ad-Dârimî, ch. 43; al-Khatîb al-Baghdâdî, Taqyîd al-'îln», p. 101.

§ 85 Il y a plusieurs autres recueils de hadiths en provenance d'Abû Hurairah qui nous sont parvenus, et nous y reviendrons plus loin dans § 118/a. Contentons-nous ici de quelques détails concernant le travail qui est présenté ici.

 

 

 

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