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Les Droits de l’Homme en Islam :

Halte aux Préjugés !

شبهات حول حقوق الإنسان في الإسلام

Abdou-Rahman ibn Abdoul Karim

Al-Sheba

Traduit de l’arabe par :

Editions Assia

(Yaqub Chérif) Revu par : Njikum Yahya D.

Table des matières

Le souci de l’Islam de garantir les droits fondamentaux
L’égalité dans l’Islam
L’Islam et la préservation des besoins vitaux de l’existence
La préservation de la religion
La Préservation de la Vie
La préservation de la raison
La préservation de l’honneur


Les Droits de l’Homme en Islam .Partie 2

Avant-propos

Louange à Allah et que la paix et la miséricorde soient sur notre Prophète Muhammad, sa famille et ses Compagnons. Toute société humaine est censée garantir à ses membres des droits qui consolident leur lien d’appartenance à celle-ci, et leur permettent de vaquer à leurs occupations et d’accomplir leurs devoirs dans un environnement paisible et stable, mais dans la pratique, les rapports de force entre la société et les individus diffèrent selon les temps et les lieux. De nos jours, à l’échelle internationale, trois tendances majeures se dégagent à ce niveau.

- La première consiste à proclamer la supériorité de l’individu sur la société, qui ne dispose plus dès lors d’aucun moyen pour réguler l’exercice de sa liberté. L’individu y jouit de droits qui échappent à tout contrôle et mettent en péril la cohésion de la société, ce qui aboutit au matérialisme à outrance et à la prolifération de crimes odieux. Ce courant est appelé le capitalisme.

- La deuxième tendance est celle qui sanctifie le groupe au détriment de l’individu, qui se voit déniée toute volonté propre et se retrouve spolié de tous ses droits. L’Etat, qui s’est substitué à la société, ne lui en reconnaît qu’un faible nombre et seulement dans la mesure où ces droits servent l’intérêt de la société. Ce système est généralement connu sous le nom de communisme.

- Quant à la troisième tendance, elle répugne autant à imposer le primat de l’individu sur le groupe que l’inverse et entend plutôt accorder à chacun son dû. L’individu a des droits sur la société, de même que la société a des droits sur l’individu, des droits dont l’exercice est soumis à des règles et des conditions bien précises. Lorsque survient un conflit entre l’intérêt général et l’intérêt particulier, c’est au premier qu’est donnée la priorité.

Dans les lignes qui vont suivre, nous allons nous efforcer de présenter les droits de l’homme tels qu’ils ont été établis en Islam par le Livre d’Allah et la Sunna de Son Prophète Muhammad, qui sont les deux principales sources de l’Islam. Les droits de l’homme ainsi qu’ils sont compris en Islam, ont pour objectif de préserver la dignité de l’homme en tant qu’individu et d’introduire l’équité dans son rapport avec autrui. Nous sommes convaincus que le respect et la mise en pratique effective de ces droits contribueront –avec la permission d’Allah- au bonheur de l’humanité et sauront répondre aux aspirations des sociétés humaines en termes de sécurité, de développement et de prospérité. En effet, il ne s’agit pas là d’élaborations théoriques et expérimentales échafaudées par des idéologues, ou de concepts cristallisant les besoins d’une époque ou d’un mouvement politique ; dans la mesure où ces droits ont été établis par Celui qui a créé l’homme et connaît mieux que quiconque ce qui convient à Sa créature, comment douter de leur adéquations avec les besoins de l’être humain ? Le Noble Qur’an –qui est la première source de la législation Islamique- et la Sunna du Prophète –qui en est la seconde source et qui regroupe les faits, dits et approbations du Prophète recensés et conservés depuis plus de quatorze siècles– traitent abondamment de ces droits ainsi que du rang éminent conféré à l’homme. Allah le Très-Haut dit : ( Certes, nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures. )[1]

Cette distinction dont jouit l’homme implique qu’il ait des droits qui lui garantissent la pérennité de son existence et la perpétuation de son espèce, et lui permettent d’exercer sa liberté et de s’acquitter des responsabilités et obligations inhérentes à sa fonction de vicaire d’Allah sur terre, évoquée par Allah I en ces termes : ( C’est Lui qui a fait de vous les successeurs sur terre et qui vous a élevés, en rangs, les uns au-dessus des autres ) [2].

Les droits de l’homme en Islam ne se limitent pas seulement à la durée de sa vie mais continuent même après sa mort. La communauté est ainsi tenue de faire honneur à sa dépouille en procédant à une dernière toilette, lors de laquelle le corps sera lavé, parfumé avant d’être enseveli dans un linceul blanc et neuf, après quoi le mort a droit à une prière mortuaire. Abou Houreira t rapporte qu’il a entendu le Messager d’Allah r dire : «Lorsque vous faites la prière mortuaire, invoquez sincèrement Allah en faveur du défunt»[3]

Il est interdit de profaner et de mutiler le corps d’un défunt, car le Prophète r a dit : «Briser l’os du défunt est pareil à briser l’os du vivant en terme de péché»[4]

Il est également interdit de l’exhumer, de s’asseoir ou de marcher sur sa tombe, car le Prophète r a dit : «Que l’un de vous s’asseye sur une braise ardente qui brûle ses habits jusqu’à atteindre sa peau est mieux pour lui que de s’asseoir sur une tombe»[5]

Son honneur doit également être préservé et l’on doit se garder de parler de lui en mauvais termes après sa mort. Le Prophète r a dit à cet effet : «Evoquez les bienfaits de vos morts et gardez-vous d’évoquer leurs méfaits»[6].

Ses enfants et ses proches parents ont d’autres devoirs envers lui, comme implorer le pardon de ses péchés et la miséricorde d’Allah en sa faveur, ou exécuter son testament et ses engagements après sa mort. Répondant à un homme qui lui avait demandé : «Y a-t-il encore pour moi un moyen de montrer mon dévouement envers mes parents après leur mort ?» le Prophète r dit : «Oui, tu dois prier pour eux, implorer le pardon d’Allah en leur faveur, accomplir leurs engagements après leur mort, respecter leur lien de parenté et bien traiter leurs amis»[7]

Le lecteur ne manquera pas de noter une certaine similitude entre les droits évoqués et ce que prônent certaines organisations qui ont pour vocation [de faire respecter] les droits de l’Homme. Mais le discours de l’Islam à ce sujet existait déjà quatorze siècles avant leur création ; par ailleurs, les droits tels qu’ils sont énoncés par ces organisations laissent entrevoir des imperfections et des défauts, parce que dans la plupart des cas, le discours proclamé vise moins à préserver les droits de l’Homme en tant que tel, qu’à préserver l’Homme dans le but de l’exploiter au profit d’intérêt d’individus ou de groupes. La preuve en est que, dans beaucoup de régions du monde, nous voyons de nombreux cas d’hommes et de femmes dont les droits élémentaires sont précisément bafoués. Malgré cela, ces pays prétendument promoteurs des droits de l’homme continuent à afficher une certaine indifférence devant cette flagrante violation des droits de l’Homme, non pas par impuissance, mais parce que la préservation de leurs intérêts leur impose de ne pas intervenir pour préserver ce qu’ils prônent tambour battant sous prétexte de non-ingérence dans les affaires internes.

 

Les droits de l’Homme en Islam, en revanche, ne tolèrent ni compromission ni complaisance. Nous en avons un exemple remarquable avec Oumar Ibn Al Khattâb t. Celui-ci avait été très ému d’apprendre la conversion de Djabalah, le souverain des Arabes Chrétiens. Il envoya donc des émissaires pour le faire venir à Médine et ainsi le rencontrer –d’aucuns disent que c’est Djabalah qui sollicita cette entrevue et qu’Oumar t la lui accorda. Il se mit donc en route pour Médine et à son arrivée, il fut chaleureusement accueilli par Oumar t qui le fit demeurer en sa compagnie. Il accomplit le Hadj cette même année, accompagné d’Oumar t. Pendant qu’il effectuait la circumambulation autour de la Kaaba, un membre de la tribu des Bani Fazarah piétina par inadvertance son pagne qui se détacha aussitôt. Alors Djabalah leva sa main et fracassa le nez de cet homme ; certains disent qu’il lui creva l’œil. Sa victime, accompagnée d’un grand nombre de membres de la tribu des Bani Farazah, alla se plaindre auprès d’Omar t, qui convoqua Djabalah. Ce dernier reconnut les faits qui lui étaient reprochés et Omar t demanda l’application du talion. « Comment est-ce possible », dit-il, « alors que je suis un roi tandis qu’il n’est qu’un sujet ! » « L’Islam », lui dit Oumar t, « vous réunit, lui et toi, et tu ne peux l’emporter en mérite sur lui que par la piété. » Djabalah dit alors : « Je croyais qu’en entrant dans l’Islam, j’allais devenir plus puissant que je ne l’étais dans le paganisme antéislamique. » Oumar t lui répondit : « Oublie toutes ces considérations et sache que si tu ne t’arranges pas avec l’homme, le talion sera appliqué. » « Si tel est le cas », dit-il, « je vais embrasser le christianisme. » « Si tu embrasses le christianisme, je te tranche le cou », reprit Oumar t. Lorsqu’il eut pris connaissance de la peine, Djabalah dit : « Je vais y réfléchir cette nuit. » Sur ce, Oumar t prit congé.

La nuit venue, il enfourcha sa monture et prit la fuite, accompagné de ses gens et de ceux qui lui avaient obéi, jusqu’en Grande Syrie. Une fois entré sur le territoire des Romains, il eut une entrevue avec Héraclius à Constantinople. Celui-ci l’accueillit chaleureusement, lui confia la direction de plusieurs provinces et lui octroya une pension conséquente. Il le couvrit de beaux présents et le prit parmi ses compagnons de divertissement nocturne[8].

L’Islam ne se contente pas d’assurer la protection des droits personnels mais il défend aussi les droits d’autrui et veille sur les opprimés. Allah I dit : ( Et qu’avez-vous à ne pas combattre dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : “Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur” )[9].

Ces droits sont garantis aussi bien pour le Musulman que pour le non-musulman. Le Messager d’Allah r dit : “Mon Seigneur m’a interdit d’être injuste envers un allié (mou-âhad) ou toute autre personne”.[10]

Il dit encore : “Quiconque commet une injustice contre un allié (mou-âhad) ou le méprise ou lui donne une charge au dessus de ses capacités, ou lui prend quelque chose sans son consentement, je serai son adversaire le Jour de la Résurrection. Et le Messager d’Allah r pointa son doigt sur sa poitrine et dit : Et quiconque tue un allié qui a la garantie de protection d’Allah et de Son Messager, Allah lui interdit l’odeur du Paradis, or son odeur se fait sentir à une distance de soixante-dix ans”.[11]

Peut-être est-il utile de rappeler ici, afin d’éclaircir les choses, que l’application des droits de l’homme prescrits par l’Islam dans les Etats Islamiques est intimement liée au degré de l’observance et de l’application des lois et dispositions de la religion. Ainsi, l’on constate que certains se détournent complètement de l’Islam, d’autres ne retiennent de l’Islam que ce qui sert leurs intérêts et objectifs, d’autres encore feignent de se réclamer de l’Islam, mais visent en secret à le détruire et à ternir son image de marque. Aussi, toute personne douée de raison et soucieuse d’objectivité, particulièrement s’il s’agit d’un non-musulman, qui désire se faire une idée juste de l’Islam, ou émettre un jugement sur ce dernier, doit avant toute chose le considérer comme un système de vie indépendant des comportements et des actes commis par des individus, des groupes ou des Etats, car l’application de ces droits dans le monde islamique, comme on l’a dit précédemment, dépend de la plus ou moins grande conformité de la politique de ces pays à la législation islamique. En effet, si le système est bon en soi et qu’il y apparaît des déficiences, nous devons en chercher la source au niveau de la mise en pratique car c’est toujours là que surviennent les manquements. Prenons, à l’échelle individuelle, l’exemple d’une personne qui se réclame de l’Islam mais affiche un comportement répréhensible où le mensonge, la tromperie, la duperie et la perfidie, occupent une bonne place, est-ce que cela signifie pour autant que l’Islam dans son essence invite les hommes à commettre de telles turpitudes ? Le mieux, dans ce cas, est de retourner aux enseignements de l’Islam et de s’informer à partir de ses sources originelles et authentiques. Celui qui veut du pain, par exemple, se rend chez le boulanger pour s’en procurer, car s’il se rendait chez le boucher, il ne trouverait pas ce qu’il désire. Allah le Très Haut a dit –et Sa parole est véridique : ( Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t’égareront du sentier d’Allah : ils ne suivent que la conjecture et ne font que fabriquer des mensonges. )[12]

Rappelons, à toutes fins utiles, que la perfection appartient exclusivement à Allah et que l’imperfection n’est pas l’apanage des seuls Musulmans ; tous les êtres humains sont enclins à l’erreur et commettent des fautes tant au point de vue de leur vie mondaine que sur le plan religieux.

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Le souci de l’Islam de garantir les droits fondamentaux

L’Islam œuvre activement et inlassablement pour la création d’une société saine et prospère et pour ce faire, il institue un cadre réunissant tous les éléments nécessaires pour assurer aux hommes la jouissance complète de tous leurs droits afin qu’ils y vivent dans une atmosphère de paix, quiétude et liberté, sans être asservis à leurs semblables. Le Prophète r dit : “Certes, votre sang, vos richesses et votre honneur sont choses sacrées comme ce jour-ci, dans ce mois-ci et dans ce pays-ci”[13].

L’Islam entend donc instaurer une société possédant les caractéristiques suivantes :

1) La sécurité sous toutes ses formes

- La sécurité des biens : Allah I dit : ( ? les croyants ! Que les uns d’entre vous ne mangent pas les biens des autres illégalement. Mais qu’il y ait du négoce (légal) entre vous, par consentement mutuel ) [14].

- La préservation de l’honneur : Allah I dit : ( Et ceux qui lancent des accusations contre des femmes chastes sans produire par la suite quatre témoins, fouettez-les de quatre-vingts coups de fouet, et n’acceptez plus jamais leur témoignage. Et ceux-là sont les pervers. )[15].

- La sécurité de la vie des personnes : Allah I dit : ( Dis : “Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : Ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N’approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu’en toute justice la vie qu’Allah a fait sacrée. Voilà ce qu’Allah vous a recommandé de faire ; peut-être comprendrez-vous. )[16].

- La préservation de la raison : Le Prophète r dit : « Tout ce qui enivre est une boisson alcoolique et toute boisson alcoolique est interdite »[17]

Il n’est donc pas permis d’effrayer les gens, ni de les terroriser par des menaces verbales ou physiques. Le Prophète r dit à cet effet : « Qu’aucun de vous ne fasse le geste de brandir une arme contre son frère, car il ne sait pas si Satan ne fera pas échapper l’arme de ses mains et alors, il tomberait dans un des gouffres de l’Enfer »[18].

Il dit encore : « Celui qui effraye un croyant, il est du droit d’Allah de ne pas le mettre à l’abri des effrois du Jour de la Résurrection »[19]

L’Islam veut créer une société paisible dans laquelle l’homme peut se déplacer et gagner sa vie par le travail et l’exploitation de la terre d’Allah. C’est pourquoi les peines criminelles (Hudud) ont été prescrites pour entraver l’action de toute personne qui veut porter atteinte à la sécurité et la stabilité de la société islamique. Citons, parmi ces peines dissuasives, la peine réservée aux voleurs et autres malfaiteurs.

Allah dit : ( La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment. ) [20]

2) La satisfaction des besoins vitaux de ses membres

Pour parvenir à cet objectif, l’Etat Islamique met en œuvre les moyens suivants :

- La création d’emplois pour ceux qui sont capables de travailler afin de gagner leur subsistance.

- La prise en charge par le Trésor public islamique de tous ceux qui ne peuvent pas travailler pour cause d’incapacité, de vieillesse ou de maladie, et de ceux qui ont perdu leur soutien. Le Prophète r dit : « Quiconque laisse un bien (en mourant), c’est pour sa famille, mais celui qui laisse une dette ou une famille et des enfants pauvres, c’est à ma charge, je suis le tuteur des croyants”[21].

- Les aumônes obligatoires destinées aux pauvres et aux indigents dans la société Musulmane. Ils ont un droit sur la Zakat prescrite aux riches Musulmans et qui représente le principe de la solidarité sociale de l’Islam. Elle est prélevée sur les biens des riches et reversée aux pauvres. Le Prophète r dit : «Fais-leur savoir qu’Allah leur a prescrit une aumône prélevée sur les biens de leurs riches, reversée à leurs pauvres»[22].

- L’aumône facultative faite de bon gré par le Musulman pour subvenir aux besoins de ses frères, par observance de l’ordre d’Allah et recherchant son agrément. Le Prophète r dit : «Tout Musulman qui procure un habit à un Musulman nu, Allah le vêtira des habits du Paradis. Tout Musulman qui donne à manger à un autre Musulman, Allah le nourrira des fruits du Paradis. Tout Musulman qui donne à boire à un autre Musulman assoiffé, Allah l’abreuvera de nectar pur cacheté»[23].

- La menace sévère à l’encontre du Musulman qui se désintéresse de la situation de ses frères. Le Prophète r dit : «Celui qui s’éveille le matin ayant pour principale préoccupation la vie présente contredit la religion d’Allah ; celui qui ne craint pas Allah, contredit la religion d’Allah et celui qui ne s’occupe pas des affaires des Musulmans n’est pas des leurs»[24].

Il dit aussi : «Les gens d’une agglomération dans laquelle un individu s’éveille le matin affamé n’ont plus droit à la protection d’Allah»[25].

3) L’instruction

Allah I dit : ( Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. )[26].

L’instruction dans la société islamique n’est pas seulement un droit pour ses membres, mais une obligation incombant à tout individu. Il est du devoir de chacun d’acquérir le savoir grâce auquel il gérera ses affaires religieuses et mondaines. Il incombe à l’Etat islamique de fournir à ses membres tous les moyens qui favorisent l’acquisition du savoir. Le Prophète r dit : «La recherche du savoir est un devoir pour tout Musulman»[27].

Mieux encore, l’Islam considère l’effort consenti dans la recherche du savoir, son acquisition et sa transmission comme l’une des voies qui conduisent au Paradis. Le Prophète r dit : «Quiconque s’engage dans une voie pour y rechercher un savoir, Allah lui facilitera par cela, le chemin vers le Paradis»[28].

En outre, l’Islam considère la dissimulation du savoir comme un acte interdit et met sévèrement en garde celui qui empêche la diffusion d’un savoir profitable. Le Prophète r a dit : «Quiconque cache un savoir, Allah lui mettra un mors de feu le Jour de la Résurrection»[29].

L’Islam accorde tellement d’importance au savoir qu’il a prescrit une sanction contre celui qui s’abstient d’apprendre ou d’enseigner. Le Prophète r dit : «Les gens doivent apprendre chez leurs voisins et ils doivent aussi instruire leurs voisins ou alors je précipiterai la punition sur eux».

4) La préservation de la santé

Les mesures mises en place dans ce domaine sont :

- L’interdiction de tout ce qui est nocif pour la santé de l’homme comme la consommation des boissons enivrantes et des drogues. Allah I dit : ( ? les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez )[30] .

- L’interdiction de la consommation de la (chair de la) bête morte, du sang et de la chair de porc, Allah I dit : ( Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d’une chute ou morte d’un coup de corne, et celle qu’une bête féroce a dévorée – sauf celle que vous égorgez avant qu’elle ne soit morte -. (Vous sont interdits aussi la bête) qu’on a immolée sur les pierres dressées, ainsi que de procéder au partage par tirage au sort au moyen de flèches. Car cela est perversité)[31].

- L’interdiction des pratiques infâmes telles que la pédérastie, la fornication et le lesbianisme. Allah I dit : ( Et n’approchez point la fornication. En vérité, c’est une turpitude et quel mauvais chemin ! )[32].

- Une politique sanitaire vigilante, qui inclut la mise en quarantaine lorsque les risques de contagion se manifestent. Le Prophète r dit : «Lorsque vous apprenez que la peste existe dans un une région, n’y allez pas ; mais, si elle éclate dans la région où vous êtes, ne quittez pas cette région»[33].

Ce souci de l’hygiène passe aussi par des mesures de prévention à l’échelle individuelle. Le Prophète r dit : «Que celui qui a des chameaux malades ne les abreuve pas avec celui qui a des chameaux sains»[34].

Comme le dit le Prophète r dans un hadith, les grands points que nous avons évoqués (sécurité, subsistance, santé) résument l’essentiel des aspirations de l’homme : «Quiconque s’éveille le matin en sécurité, en bonne santé physique et ayant sa ration journalière, c’est comme s’il possédait le monde entier»[35].

 

L’égalité dans l’Islam

L’Islam a voulu briser toute barrière susceptible de créer des discriminations entre les membres de la société, que ce soit au niveau de la parenté, de la couleur, de l’origine ou de la langue. Allah r dit : ( ? hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. )[36].

Ainsi, les membres de la société jouissent de leurs droits légitimes en toute égalité, aucun groupe ne bénéficie de privilèges vis-à-vis d’un autre. Le Prophète r dit : «? hommes ! Certes votre Seigneur est un et votre aïeul est un. L’Arabe n’a pas de mérite sur le non arabe, ni celui-ci sur l’Arabe, le blanc n’a pas de mérite sur le noir, ni celui-ci sur le blanc ; sauf par la piété »[37].

Aux yeux de l’Islam, l’humanité provient d’une source unique, il n’est donc pas question de tirer orgueil de son origine ou de sa lignée et de se permettre au nom d’une prétendue supériorité de mépriser autrui ou de bafouer ses droits. Le Prophète r dit : «? hommes ! Allah a dissipé la vanité de la période du paganisme antéislamique et la fierté qu’elle se faisait de ses ancêtres, il n’y a que deux sortes d’hommes : le vertueux pieux qui est noble auprès d’Allah et le dévergondé libertin qui ne vaut rien auprès d’Allah. Les Hommes sont les fils d’Adam et Allah a créé Adam de poussière… »[38].

On le voit, il n’y a pas de place en Islam pour les discriminations fondées sur les différences ethniques. Les Juifs et les Chrétiens estimaient qu’ils étaient supérieurs au reste, mais Allah réfute leurs prétentions en expliquant que toutes les créatures sont égales entre elles, et qu’elles ne diffèrent que par leur degré de piété : ( Les Juifs et les Chrétiens ont dit : “Nous sommes les fils d’Allah et Ses préférés.” Dis : “Pourquoi donc vous châtie-t-Il pour vos péchés ?” En fait, vous êtes des êtres humains d’entre ceux qu’Il a créés ) [39].

Abou Houreira t rapporte l’histoire de deux hommes qui s’étaient mis à s’invectiver l’un l’autre pour une raison quelconque ; l’un d’eux se moqua de la mère de son adversaire (à cause de la couleur de sa peau). Ses paroles parvinrent au Messager d’Allah r qui convoqua l’homme et demanda : « T’es-tu moqué de lui à cause de sa mère ? » Il réitéra plusieurs fois sa question et l’homme lui répondit : « ? Messager d’Allah, implore le pardon d’Allah pour ce que j’ai dit ». Le Messager d’Allah r lui dit : “Lève la tête et regarde l’assemblée”. Il regarda ceux qui était autour du Messager d’Allah r qui dit alors : « Tu n’es pas meilleur que le rouge ou le noir parmi eux, le meilleur, c’est celui qui a plus de mérite en religion »[40].

De la même façon, les hommes sont égaux en ce qui concerne les actes d’adoration : le riche et le pauvre, le gouvernant et le gouverné, le noir et le blanc, le noble et le roturier, tous sont logés à la même enseigne. Il n’y a pas d’actes d’adoration ni de recommandations ou d’interdictions propres à un groupe à l’exclusion des autres, tous sont égaux devant Allah qui dit : ( Quiconque fait une bonne œuvre, c’est pour son bien. Et quiconque fait le mal, il le fait à ses dépens. Ton Seigneur, cependant, n’est point injuste envers les serviteurs )[41].

Il n’y a de différence entre les hommes qu’en fonction de leur plus ou moins grande fidélité aux prescriptions ou interdictions divines. Allah I dit : ( Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux )[42].

Dans le domaine de la législation islamique et de l’application des sanctions pénales, tous sont égaux devant la loi. Aucun groupe n’est soumis à un régime particulier ni ne jouit d’une immunité qui lui serait propre. Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle- rapporte que les Quraychites eurent un jour à traiter le cas d’une femme Makhzoumite[43] qui avait commis un vol : « Nul », dirent-ils, « ne saurait en parler à l’Envoyé d’Allah r et avoir de l’influence sur lui si ce n’est Oussama t, l’ami de l’Envoyé d’Allah r. Oussama t parla en faveur de cette femme à l’Envoyé d’Allah qui lui répondit : « Comment peux-tu intercéder quant il s’agit d’une des pénalités édictées par Allah ? » Puis, se levant, il fit le sermon suivant : «? hommes, ce qui a égaré ceux qui vous ont précédés c’est qu’ils laissaient impuni le puissant qui avait volé, tandis que si le voleur était un humble, ils lui appliquaient la peine criminelle. J’en jure par Allah, si Fatima, la fille de Muhammad, volait, je lui ferais couper la main. » [44] .

En ce qui concerne les revenus tirés de l’exploitation des richesses nationales et qui sont ensuite redistribués par le Trésor public à tous les membres de la société, chacun reçoit une part identique, sans rapport avec le travail accompli. C’est ce que nous montre l’exemple d’Abou Bakr As-Sidiq t, le premier calife du Messager d’Allah r qui distribuait équitablement la pension. On lui demanda à propos : « ? calife du Messager d’Allah, tu as distribué ce bien en parts égales entre les gens, or il y en a parmi eux qui ont un mérite particulier, par leurs antécédents et leur ancienneté ; ne pourrais-tu pas avantager ceux-là ? » Il répondit : « Concernant les antécédents, l’ancienneté et le mérite que vous avez évoqués, je suis mieux placé que vous pour les connaître, et ce sont là des choses qui ne sont récompensées que par Allah. Mais il s’agit, ici, d’une pension et la consolation y est préférable à la préférence. Pour ceux qui ont œuvré pour Allah, leur récompense incombe à Allah, tandis que ce bien n’est qu’éphémère, et profite aussi bien au vertueux qu’au dévergondé ; ce n’est pas une rémunération de leurs œuvres[45].

Chacun des membres de la société islamique a en effet le droit de profiter des richesses dont Allah a doté ce monde et il incombe à l’Etat islamique de créer des emplois et de gérer l’exploitation de ces richesses de manière à ce qu’elles ne soient pas l’apanage de certains individus qui en profitent pour leur compte et oppriment les autres. Allah I dit : ( C’est Lui qui vous a soumis la terre : parcourez donc ses grandes étendues. Mangez de ce qu’Il vous fournit. Vers Lui est la Résurrection)[46].

L’Islam, pour résumer, lutte contre toutes les formes de discrimination ou de favoritisme. Dans le domaine des choses mondaines, les différences s’établissent spontanément entre les membres de la société car le travailleur est différent du paresseux et le bon du méchant. Allah I dit : ( A chacun des rangs (des récompenses) selon ses œuvres. Or ton Seigneur n’est pas inattentif à ce qu’ils font)[47].

 

L’Islam et la préservation des besoins vitaux de l’existence

L’Islam est venu parachever les législations célestes qui l’ont précédé et le Messager de l’Islam r est le sceau des Messagers et Prophètes venus avant lui. Le Prophète r dit : «Comparée à celle des Prophètes qui m’ont précédé, ma situation est pareille à celle d’un homme qui a bâti une maison, l’a embellie et parée, sauf qu’il a laissé vide la place d’une brique dans un angle. Les gens sont venus visiter cette maison, ils l’ont admirée et ont dit : Pourquoi n’as-tu pas posé cette brique manquante ? C’est moi qui suis cette brique et je suis le sceau des Prophètes.»[48]

L’Islam s’efforce, -comme l’ont fait les législations célestes antérieures- de produire et de protéger les éléments nécessaires à la vie de l’homme et à sa pérennité, nous allons donc passer en revue ses grandes priorités :

La préservation de la religion

Le Djihad a été prescrit en Islam dans le but de diffuser la religion d’Allah et de combattre toute personne qui se pose en obstacle à sa transmission, car c’est un message universel. Notons qu’il ne s’agit pas là d’un fait nouveau, mais que cela fait partie des principes approuvés par les législations célestes antérieures à l’Islam : les âmes humaines ne sont pas toutes semblables et le bien et le mal ont toujours coexisté depuis la création de l’univers. Le Djihad fut donc prescrit en Islam, comme cela avait été le cas dans les religions antérieures, pour renverser l’autorité des tyrans qui asservissent les hommes, et pour détourner les hommes du culte des créatures vers l’adoration du Seigneur des créatures et les faire passer de l’injustice des tyrans à la justice de l’Islam. Le Djihad a aussi pour vocation de défendre et protéger le message d’Allah de la manœuvre des pervers. Une fois que le message a été transmis et patiemment expliqué, les gens sont libres de croire ou de ne pas croire, car l’Islam est un message universel destiné à tout le monde sans aucune exception et qui contient les meilleurs principes du bien et de la justice. Toutefois, le Djihad islamique ne vise pas à contraindre les gens à embrasser l’Islam ; c’est plutôt le devoir de transmission qui exige de combattre et de mettre hors d’état nuire toute personne qui empêche que l’appel de vérité soit transmis à tout le monde. Allah I dit : ( Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement)[49].

Dans l’Islam, le combat a des normes ; on ne tue parmi les ennemis que ceux qui participent et aident au combat. Quant aux personnes âgées, aux enfants, aux femmes et aux malades, ils ne sont pas combattus ainsi que ceux qui soignent les malades, les blessés et les dévots qui se consacrent à l’adoration. On ne tue pas les blessés, on ne défigure pas les morts, on ne tue pas les animaux, on ne détruit pas les habitations, on ne pollue pas les cours d’eau et les puits, on n’achève pas le blessé et on ne poursuit pas le déserteur, car Allah I dit : (Certes, Allah n’aime pas les corrupteurs)[50].

Le Prophète r dit aussi : « Combattez au nom d’Allah, dans le chemin d’Allah, celui qui ne croit pas en Allah, combattez et ne trahissez pas, ne mutilez pas et ne tuez pas d’enfants »[51].

Voici la recommandation qu’Abou Bakr As-Sidiq t, le premier Calife du Messager d’Allah r, disait à ses armées lorsqu’il les envoyait au combat : “Arrêtez-vous un instant, je vous adresse dix recommandations que vous veillerez à garder à l’esprit :

« Ne trahissez pas, ne fraudez (pas sur le butin conquis), ne violez pas l’engagement pris, ne mutilez pas les morts, ne tuez ni enfant en bas âge, ni vieillard, ni femme ; ne coupez ni ne brûlez les palmiers, ne coupez aucun arbre fruitier ; n’égorgez ni brebis, ni vache ni chameau, sauf pour en manger. Vous verrez des gens reclus dans des ermitages, laissez-les tranquilles dans leur pratique ; et vous verrez aussi des gens qui vous présenteront des plats avec différents mets, lorsque vous en mangerez, évoquez dessus le nom d’Allah ; vous rencontrerez aussi des gens qui ont rasé le milieu de leur tête et laissé les cheveux tout autour comme des bandeaux -ce sont les combattants qui portent les sabres-, combattez-les durement avec vos sabres, élancez-vous au nom d’Allah. »

Les prisonniers ont des droits en Islam, ils ne doivent ni être torturés ni humiliés, ni mutilés ni privés de nourriture et de boisson jusqu’à la mort, car Allah I dit : (…et offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier, (disant) : “C’est pour le visage d’Allah que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude”)[52].

Ensuite, l’Etat islamique peut les libérer en exigeant ou non une rançon, ou contre des prisonniers Musulmans, car Allah I dit : ( Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c’est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu’à ce que la guerre dépose ses fardeaux. ) [53]

Quant aux vaincus, on ne doit ni porter atteinte à leur honneur, ni piller leurs biens, ni avilir leur personne, ni détruire leurs demeures, ni commettre aucun acte de vengeance ou de représailles à leur encontre, mais on doit au contraire être bienveillant à leur égard, ordonner le convenable et interdire le blâmable, leur rendre justice et respecter leurs croyances, car Allah I dit : ( Ceux qui, si Nous leur donnons la puissance sur terre, accomplissent la Salât, acquittent la Zakât, ordonnent le convenable et interdisent le blâmable. Cependant l’issue finale de toute chose appartient à Allah )[54]

On demande seulement, à ceux qui n’embrassent pas l’Islam et qui veulent rester dans leur religion, de payer une somme insignifiante appelée “Djizya” en contrepartie de la protection de leur honneur, de leurs biens et de leurs personnes et afin qu’ils jouissent des mêmes droits que les Musulmans conquérants. Khalid ibn Al-Walid t, dans un de ses traités, dit ceci : « J’ai signé avec vous un accord sur la Djizya et la protection. Si nous vous protégeons, nous avons droit à la Djizya ; sinon, vous ne nous devez rien jusqu’à ce que nous vous protégions. »[55].

La preuve que l’Islam est la religion de miséricorde, de compassion et de justice est que la Djizya n’est pas exigée au pauvre, à l’enfant, à la femme, aux dévots, aux aveugles et aux infirmes. L’Islam est allé même plus loin en imposant à l’Etat islamique la protection et la prise en charge de ces catégories par le Trésor public islamique. Dans l’une des clauses du pacte que Khalid ibn Al-Walid t signa avec les gens de Al-Haira, on lit ceci : « Toute personne âgée qui est incapable de travailler ou qui est victime d’une affection ou qui est devenue pauvre après avoir connu l’aisance au point de ne plus vivre que de la charité de ses coreligionnaires, n’est plus soumise à la Djizya et sera prise en charge ainsi que sa famille par le Trésor public islamique.”[56] .

Nous avons un autre exemple avec Oumar ibn Al-Khattâb t, le Prince des Croyants et le deuxième calife du Messager d’Allah r, qui passa un jour près d’un vieillard Juif qui mendiait. Lorsqu’il s’enquit de son cas, on lui apprit qu’il faisait partie des gens soumis à la Djizya. Il dit alors : « Nous ne serions pas justes à ton égard, si après avoir perçu de toi la Djizya dans ta jeunesse, nous t’abandonnions dans ta vieillesse » ; puis, il le prit par la main, l’amena chez lui et lui donna de la nourriture et des vêtements, ensuite envoya ce message au directeur du Trésor public islamique : « Occupe-toi de cet homme et des gens qui sont dans une situation semblable et donne-leur ainsi qu’à leur famille une pension suffisante au nom du Trésor public islamique, car Allah a dit : ( Les Sadaqâts ne sont destinées qu’aux pauvres, aux indigents… ), les pauvres sont les Musulmans et les indigents sont les gens du Livre »[57].

La Préservation de la Vie

Aux yeux de l’Islam, la vie humaine est une chose précieuse, qui mérite d’être protégée. Le Prophète r dit : « J’en jure par Celui qui tient mon âme en Sa main, tuer un croyant est plus grave auprès d’Allah que la disparition de ce monde »[58].

L’Islam a protégé l’homme contre son semblable, en prescrivant la loi du talion et en ordonnant l’exécution du meurtrier, s’il s’agit d’un homicide volontaire et que les ayants droit de la victime ne renoncent pas à la plainte. Quant à l’homicide involontaire, la loi islamique prévoit l’acquittement du prix du sang (Diyya) et l’expiation (Kaffârah) qui consiste à affranchir un esclave, ou pour celui qui ne le peut pas, à jeûner deux mois consécutifs. Tout cela a pour but de préserver l’âme humaine, de protéger les hommes contre toute agression et de dissuader tout assassin potentiel de commettre un meurtre, car celui qui sait qu’il sera tué à son tour s’il commet un meurtre, se ravisera et épargnera la société de ses méfaits. Si l’on avait prévu pour le meurtrier une sanction autre que la peine capitale, la portée dissuasive aurait été bien moindre. Ce raisonnement est aussi valable pour toutes les autres peines légales en Islam qui ont un caractère avant tout dissuasif et sont de ce fait efficaces : elles n’ont été prescrites que dans le but de protéger l’homme et de garantir ses droits. Allah I dit : ( C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété. ) [59].

L’Islam ne se contente pas d’infliger ces peines terrestres : un châtiment terrible attend l’auteur d’un homicide volontaire dans l’au-delà, ainsi que la colère d’Allah, le Jour de la Résurrection. Allah I dit : ( Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. )[60]

L’Islam protège également l’homme contre lui-même et c’est dans cet esprit qu’il lui a prescrit les recommandations suivantes :

a) Il lui est interdit de s’exposer aux dangers, car l’âme n’est pas la propriété de l’individu, mais un dépôt que lui a confié Allah I et qui ne doit être sacrifié que dans Son chemin, c’est pourquoi l’Islam interdit à l’homme de se suicider, Allah I dit : ( Et ne vous tuez pas vous-mêmes, car Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous)[61].

b) Il doit accorder à l’âme tous les droits qui lui sont consentis par la Charia et il n’est pas permis d’être injuste à son égard en la privant de ce qu’Allah lui a rendu licite, notamment la nourriture, la boisson, les vêtements et le mariage, car Allah I dit : ( Dis : “Qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs ainsi que les bonnes nourritures ?”)[62]. Allah I a réprimandé Son Messager Muhammad r qui s’était interdit la consommation du miel en ces termes: ( ? Prophète ! Pourquoi t’interdis-tu ce qu’Allah t’a rendu licite? )[63].

Toutefois, le fait de jouir de bonnes choses et de satisfaire les droits légitimes doit se faire dans les limites prescrites par l’Islam : sans excès ni gaspillage ni arrogance, car Allah I dit : ( Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il (Allah) n’aime pas ceux qui commettent des excès. )[64]

En Islam, il n’est pas permis de négliger son corps, de le soumettre au supplice ou à la privation, même s’il s’agit d’actes de dévotion, car Allah I dit : ( Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité)[65].

Anas ibn Mâlik t rapporte que trois personnages vinrent dans les demeures des femmes du Messager r afin de s’informer des pratiques du culte du Messager r. Quand on les eut renseignés, ils les trouvèrent peu nombreuses et dirent : « Toutefois, il y a cette différence entre nous et le Messager d’Allah r, c’est qu’Allah a pardonné à celui-ci toutes ses fautes passées et futures. –Aussi moi, déclara l’un d’eux, je veux prier désormais toutes les nuits (et ne jamais dormir). –Moi, ajouta un autre, je veux jeûner toujours et ne jamais rompre le jeûne. –Quant à moi, s’écria le troisième, je veux me priver de femme et ne jamais me marier. » Survenant à ce moment, l’Envoyé d’Allah r leur dit : « Comment, c’est vous qui dites telle et telle chose ? Mais moi, par Allah ! qui plus que vous, crains et révère Allah, je jeûne et j’interromps le jeûne, je prie et je dors, et j’ai épousé des femmes. Quiconque se détourne de la voie que j’ai tracée n’est pas des miens. »[66].

La préservation de la raison

Dans l’Islam, la raison est la base de la responsabilisation. Aussi, l’Islam a interdit tout ce qui est de nature à lui nuire, comme la consommation des boissons enivrantes et des drogues. L’Islam considère la boisson alcoolique –et tout ce qui génère les mêmes effets– comme la mère des vilenies en raison de la gravité des conséquences qu’entraîne sa consommation. C’est dans cet esprit qu’il a prescrit la flagellation comme peine pour celui qui en consomme, dans le but de préserver la raison, de protéger l’honneur et les biens des individus. Les idées destructives qui invitent à la débauche et à la perversité ont aussi des effets néfastes sur la raison. Allah I dit : ( ? les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’inimitié et la haine, et vous détourner d’invoquer Allah et de la Salât. Allez-vous donc y mettre fin ? )[67].

Pour éradiquer ce mal, l’Islam a interdit sa fabrication, son commerce, et le même simple fait de contribuer à sa consommation, même si on n’en consomme pas, car le Prophète r a dit : « Le vin est maudit de dix façons : le vin lui-même, celui qui le fabrique, celui pour qui il est fabriqué, le vendeur, l’acheteur, le porteur et celui pour qui il est porté, celui qui consomme son prix, le buveur et le serveur »[68].

La préservation de l’honneur

L’Islam a interdit tout ce qui est de nature à porter atteinte directement ou indirectement à l’honneur du Musulman, il a ainsi interdit :

- La fornication. Allah I dit : ( Et n’approchez point la fornication. En vérité, c’est une turpitude et quel mauvais chemin ! )[69].

Il a aussi interdit toutes les prémices qui conduisent à ce péché comme :

· Le regard que l’on porte sur une personne qu’on n’a pas le droit de regarder. Le Prophète r dit : « Le regard est une des flèches empoisonnées du Diable. Celui qui s’abstient de regarder par crainte d’Allah, Allah lui donne en rétribution une foi dont il ressentira la saveur dans le cœur »[70].

· L'isolement avec les personnes avec qui le mariage est permis. Le Prophète r dit : « Aucun homme ne doit s’isoler avec une femme sauf en présence d’un proche parent interdit (Mahram) –un homme se leva alors et dit : ? Messager d’Allah, ma femme est allée faire le pèlerinage et je me suis inscrit pour telle bataille –Le Prophète r lui dit : retourne accomplir le pèlerinage avec ta femme »[71].

· Toucher ou embrasser une personne avec qui cela n’est pas permis. Le Prophète r a dit : « Tous les fils d’Adam commettent inéluctablement la fornication : les yeux la pratiquent et leur fornication est le regard, les mains la pratiquent et leur fornication est le toucher ; le cœur désire mais le sexe confirme cela ou l’infirme. »[72].

La sanction prévue contre le fornicateur qui ne s’est jamais marié est la flagellation : (La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de cent coups de fouet. Et ne soyez point pris de pitié pour eux dans l’exécution de la loi d’Allah –si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Et qu’un groupe de croyants assiste à leur punition. )[73].

Quant au coupable ou à la coupable d’adultère qui a déjà été marié (Mouhçane – Mouhçana), sa peine est la lapidation.

Toutefois, l’application de cette peine exige l’une de ces deux conditions :

- L’aveu manifeste du forfait par le fornicateur et la fornicatrice. La sentence n’est pas appliquée dès le premier aveu, mais on se détourne d’eux plusieurs fois.

- Le témoignage de quatre personnes intègres qui décriront l’acte dans ses moindres détails, c’est-à-dire la pénétration. Cela n’est évidemment possible que s’ils exposent leur délit au grand jour afin que ces témoins puissent les voir. Ce n’est pas exagéré de dire qu’il est presque impossible de parvenir à cela, car ces délits, d’habitude ne sont commis qu’en cachette, loin de tout regard. De toute l’histoire de l’Islam, on n’a observé que deux ou trois cas où cette peine a été appliquée suite à l’aveu même des contrevenants et sur leur demande.

Il faut absolument éviter tout soupçon, la peine n’est pas appliquée à cause d’un simple baiser ou pour des embrassades ou des flirts qui n’aboutissent pas à l’acte sexuel proprement dit.

Toujours dans le souci de protéger l’honneur des individus, l’Islam a interdit la diffamation. Quiconque accuse un homme ou une femme de débauche et n’arrive pas à le prouver est passible de la peine de diffamation qui consiste à lui administrer quatre-vingts coups de fouet, car Allah I dit : ( Et ceux qui lancent des accusations contre des femmes chastes sans produire par la suite quatre témoins, fouettez-les de quatre-vingts coups de fouet, et n’acceptez plus jamais leur témoignage. Et ceux-là sont les pervers)[74].

Dans le même ordre d’idée, l’Islam a interdit toute parole ou tout acte qui porte atteinte à la dignité et à la réputation de l’Homme, blesse ses sentiments et offense son amour-propre, Allah I dit : ( ? vous qui avez cru ! Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux. Et que des femmes ne se raillent pas d’autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu’elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que «perversion» lorsqu’on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas… Ceux-là sont les injustes. ? vous qui avez cru ! Evitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n’espionnez pas et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? (Non !) Vous en aurez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. )[75].

 

 

 

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