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La profusion du mal

Ibn Al-Jawzî

De l’œil de ma pensée, j’ai médité sur la terre et ses habitants, et j’ai pu voir que les régions désertes y sont plus nombreuses que les régions habitées. Puis, j’ai observé les contrées habitées et j’ai constaté que les mécréants en dominaient la plus grande partie, et que les adeptes de l’islam étaient moins nombreux sur terre en comparaison des mécréants. Puis, j’ai médité sur les musulmans, et j’ai constaté que les profits mondains avaient distrait la plupart d’entre eux de Celui qui pourvoit à la subsistance et les avait détournés de la science qui indique Son existence.
Le gouverneur est occupé par l’exercice du pouvoir et les plaisirs qui se présentent à lui : l’eau de ses désirs coule sans que l’on puisse l’endiguer. Personne n’ose lui adresser d’exhortation, mais au contraire on le couvre de compli­ments qui renforcent ses passions ! C’est pourtant en leur opposant leurs contraires qu’on lutte contre les maladies. ‘Umar Ibn Al-Muhâjir rapporte que ‘Umar Ibn ‘Abd Al-‘Azîz lui a dit : « Lorsque tu me verras m’écarter de la vérité, attrape mes vêtements, secoue-moi et dis : qu’as-tu ‘Umar ? » ‘Umar Ibn Al-Khattâb a dit : « Qu’Allah fasse miséricorde à celui qui nous révèle nos défauts. » Et la personne qui a le plus besoin de conseils et d’exhortations est le gouverneur.


Quant à ses soldats, la plupart d’entre eux baignent dans l’ivresse des passions et la parure de ce bas monde, à quoi s’ajoutent la bêtise et l’absence de science. Aucune faute ne les fait souffrir et ils ne s’inquiètent pas de porter de la soie ou de boire de l’alcool, au point que certains ont pu dire : « Quoi ? Un soldat porterait du coton ? » De plus, ils prennent tout à l’envers, car l’injustice est pour eux une seconde nature !
Les bédouins sont, eux, plongés dans l’ignorance, de même les citadins. Combien ils ne cessent de vivre dans les impuretés et de négliger l’impor­tance des prières ! La femme chez eux, peut même parfois, les accomplir assise !
Puis j’ai observé les commerçants et j’ai constaté qu’ils sont dominés par la convoitise, au point de ne considérer que les différents moyens d’obtenir des gains. L’usure s’est répandue dans leurs transactions et aucun d’eux ne cherche à savoir d’où lui viennent ces biens matériels ! Concernant la Zakat, ils sont négligents et ne sont pas gênés de la délaisser, sauf ceux qu’Allah préserve.
Puis, j’ai observé ceux qui perçoivent une pension, et j’ai constaté que la supercherie règne dans leurs transactions de même que la fraude et la volonté de léser autrui. Ils sont également plongés dans l’ignorance. J’ai constaté que la plupart de ceux qui ont un enfant lui confie une partie de ces choses afin de rechercher plus de gains, avant même que cet enfant ne connaisse ses devoirs [religieux] et ne reçoive une éducation.

Puis, j’ai observé les femmes, et j’ai constaté qu’elles ont peu de religion et beaucoup d’ignorance. Elles n’ont aucune connaissance sur l’au-delà, sauf celles qu’Allah préserve.

Je me suis alors dit : Comme c’est étonnant ! Qui reste-t-il donc pour adorer Allah et Le connaître? J’ai observé et j’ai vu les savants, les étudiants, les dévots et les ascètes.
J’ai médité sur la condition des dévots et ascètes, et j’ai constaté que la plupart d’entre eux voue des adorations sans science, qu’il leur plaît d’être révérés, de se voir embrasser la main et d’avoir de nombreux disciples, si bien que, lorsque l’un d’eux a besoin d’acheter quelque chose au marché, il s’en abstient pour que sa réputation n’en soit pas brisée ! Leur rang leur tient tellement à cœur qu’ils ne visitent pas le malade, n’assistent à aucunes funérailles, sauf lorsqu’il s’agit de quelqu’un d’important pour eux, ils ne se rendent pas visite, et plus encore, ils évitent même de se rencontrer : leur respectabilité est devenue telle une idole qu’ils adorent sans le savoir ! Certains se hasardent-ils à donner des avis religieux alors qu’ils critiquent les savants pour leur convoitise en ce bas monde, sans savoir que ce qui est blâmable en cette vie est la condition en laquelle ils se trouvent, et non le fait de consommer ce qui est permis !
Puis j’ai médité sur la condition des savants et étudiants, et j’ai constaté que les étudiants ne montrent que peu de signe d’excellence, car le signe de l’excellence consiste à rechercher la science et la mettre en pratique, alors que la plupart d’entre eux apprennent de la science ce qui sera pour eux un filet pour amasser des biens, soit pour faire main basse sur un poste de juge d’un lieu ou d’une région, soit ce qui est nécessaire pour se distinguer de ses semblables, puis se contenter de cela.
Puis, j’ai médité sur la condition des savants, et j’ai constaté que la plupart d’entre eux sont manipulés et utilisés par les passions. Ils vont vers ce dont la science les écarte et se livrent à ce qu’elle interdit. Ils ne trouvent quasiment aucun goût à la relation avec Allah, et leur seule préoccupation est de parler, voilà tout. Mais Allah ne videra pas la terre de toute personne qui exposera Ses preuves, réunira la foi et les œuvres, connaîtra les droits d’Allah et Le craindra. Cet homme sera le pôle de ce monde, et lorsqu’il mourra, Allah le remplacera par un autre semblable, et peut-être ne mourra-t-il pas avant d’avoir vu celui qui sera apte à le remplacer en toutes choses. La terre ne sera jamais totalement vide de ce genre d’homme qui rem­plit le rôle du prophète dans la Communauté [1]. Et celui que je décris ici, appliquera les fondements, sera attentif aux limites imposées, même s’il a peu de science ou que ses actes sont peu nombreux. Quant aux hommes parfaits dans tous les domaines, ils sont rares : il n’y en a qu’un seul pour une longue période.
J’ai analysé avec soin la condition de tous les pieux prédécesseurs, car je voulais en trouver un qui réunissait la science, au point d’atteindre le rang de l’Ijtihâd, et la mise en pratique, au point d’être un exemple pour les dévots. Je n’en ai pas trouvé plus de trois. Le premier est Al-Hasan Al-Basrî, le deuxième Sufyân At-Thawrî et le troisième Ahmad Ibn Hanbal. J’ai consacré un livre aux récits rapporté de chacun d’eux, et je ne désap­prouve pas celui qui y ajoute Sa’îd Ibn Al-Musayyib [2].
Si, parmi les pieux prédécesseurs on trouve de grands hommes, la plupart étaient dominée par une chose au détriment d’une autre : la science chez l’un, les œuvres chez l’autre. Mais ceux que j’ai cités possédaient une science vaste et une grande part d’œuvre et de connaissance. Il ne faut pas désespérer de l’existence d’un homme qui suivra leurs traces, même s’ils gardent le mérite d’avoir été les pre­miers. Allah a révélé à Al-Khadir des choses qu’il avait cachées à Mûsâ, et les trésors d’Allah débordent et Ses dons ne se limitent pas à un seul individu.
On m’a raconté que Ibn ‘Aqîl [3] disait de lui-même : « J’ai navigué dans une barque qui a fait naufrage. » Mais c’est une erreur. Pourquoi cela ? Que de gens imbus d’eux-mêmes découvrent, à travers quelqu’un, un défaut qui les amène à se mépriser pour cela ! Et combien de gens apparus plus tard ont devancé d’autres apparus plus tôt ! Ainsi, on a dit :
Les nuits et les jours sont en gestation
Allah, seul, sait ce qu’ils vont mettre au monde
[1] Ibn Al-Qayyim dit dans Al-Manâr Al-Munîf que tous les hadiths qui font mention de ces hommes qui sont les axes, pivots, suppléants, renforts et piliers du monde sont faussement attribués au Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam).
[2] C’est une exagération, que dire de Abû Hanîfah, As-Shâfi’î, Mâlik, Al-Awzâ’î, Al-Layth Ibn Sa’d, cAbd Allah Ibn Al-Mubârak, Al-Bukhârî, Muslim, et beaucoup d’autres.
[3] Il est l’imam, l’éminent savant, l’océan de science, le maître du rite hanbalite Abû Al-Wafâ’ Muhammad Ibn ‘Aqîl Al-Baghdâdî (431-514H).

Source : Les Pensées Précieuses

 

 

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