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Index de l'article

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As-Sahîfa as-sahîhah

§ 86 Parmi les élèves d'Abû Hurairah il y avait Hammam ibn Munabbih, celui qui a transmis le présent ouvrage.
Comme ce travail nous est parvenu in toto, nous avons là une des plus anciennes collections de hadith qui aient été retrouvées jusqu'à présent. Selon Ibn Sa'd (154), Abu Hurairah mourut en l'an 59 H/677-8; selon d'autres sources l'événement aurait eu lieu un an plus tôt, en 58 H. Abu Hurairah était originaire du Yémen, et Hammam aussi. Quand Hammam arriva à Médine pour ses études, rien n'était plus naturel qu'il se présentât à Abu Hurairah, son compatriote distingué. Abu Hurairah rassembla une sélection de quelque cent quarante dits du Prophète
r pour ce jeune compatriote.
Ceux-ci concernent principalement le comportement moral.
Il en fit un petit opuscule qu'il dicta à son élève. On ne connaît pas la date exacte mais évidemment c'était avant la mort d'Abû Hurairah, Certaines références dont nous parlerons plus loin montrent que ce recueil fut nommé «as-Sahîfah as-sahîhah» mais la postérité à cause du zèle avec lequel Hammam le préserva et le transmit, l'appelle «Sahîfah Hammam». Nous conservons cette appellation qu'on trouve sur tous nos manuscrits bien que le nom complet doive être: as-Sahîfah as-sahîhah d'Abû Hurairah à l'intention de Hammam ibn Munabbih». Ceci en raison aussi de ce que, comme nous l'avons vu plus haut, si Abu Hurairah enviait quelqu'un en matière de connaissance du hadith, ce ne pouvait être que 'Abdallâh ibn 'Amr ibn al-'As qui avait laissé un recueil de hadith sous le titre «as-Sahîfah as-sâdîqah» (c. -à-d. le Recueil véridique). Il n'y a rien d'étonnant à ce que, imitant ce titre, Abu Hurairah ait intitulé son propre recueil «as-Sahîfah as-sahîhah» (c.-à-d. le Recueil correct).

(153) Ibn Hajar, Fat'h al-bâri', I, 174; Ibn 'Abd al-Barr, Jâmi' bayân al-'ilm, I, 4.

(154) Tabaqât, IV/ii, p. 64.

§ 87 Cette compilation, effectuée vers le milieu du premier siècle de l'Hégire, est un document de valeur pour ce qui concerne son intérêt historique. Il y en a qui ont affirmé que l'on n'a commencé à mettre par écrit le hadith du Saint Prophète que deux siècles après lui; et, se fondant sur cette présomption, ils n'ont pas hésité à charger d'accusation de fraude des personnalités telles que Ibn Hanbal, al-Bukhârî, Musiim, at-Tirmidhî, etc. Ils fondaient leur argumentation principalement sur le postulat selon lequel on n'avait pas écrit de hadith du vivant du Prophète ou de ses Compagnons.
Et maintenant nous avons entre nos mains cette compilation datant des Compagnons immédiats du Saint Prophète.
Lorsqu'on la compare soigneusement et qu'on la collationne on obtient la preuve que les compilateurs ultérieurs, Ibn Hanbal, al-Bukhârî, Muslim, etc. . . n'ont pas changé un mot, pas un iota, n'ont pas touché au sens général de la tradition du Prophète
r. Chaque hadith de la Sahîfa Hammam non seulement se retrouve textuellement dans les six livres canoniques de hadith (Sihâh sittah) donné sous l'autorité d'Abû Hurairah, mais encore le sens de chacun de ces dits du Prophète r se retrouve aussi exprimé sous l'autorité d'autres Compagnons du Prophète r: ainsi est apportée une preuve complète établissant que l'attribution de ces hadiths au Saint Prophète r n'est ni fictive ni dépourvue de base. Par exemple on trouve dans le Sahîh d'al-Bukhârî, le hadith N0 56 de la présente collection ( de Hammam ) comme rapporté par Anas, et le N° 124 comme rapporté par 'Abdallâh ibn 'Umar.
Le hadith N° 55 est rapporté par al-Bukhârî sous la double autorité d'Anas et de Sahl ibn Sa'd as-Sâ'idf, etc. . .

 

HAMMAM IBN MUNABBIH

§ 88 Ici sont notés les faits que nous avons pu trouver concernant la vie de Hammam ibn Munabbih. Ibn Sa'd (155) rapporte que Wahb ibn Munabbih mourut à San'â en que 110 H/728, dans les premiers temps du califat de Hichâm ibn 'Abd al-Malik (724-743). Quant à Hammam (son frère) qui appartenait au clan des Abnâ' (156),il était plus âgé que Wahb. Il avait rencontré Abu Hurairah au cours de ses études et faisait le récit de nombreux hadiths qu'il avait appris de lui. Il mourut avant Wahb, vers 101 ou 102 H7/19-
720. Son surnom (kunya) était Abu 'Uqbah (c'est-à-dire le père de 'Uqbah).

§ 89 Grâce à Ibn Hajar, (157)nous avons d'aptres détails. Son nom au complet est Hammam ibn Munabbihi bn Kâmil ibn Chaikh (158) al-Yamânî Abu 'Uqbay as-San'ânî al-Abnâwî (c,-à-d. des Abnâ'), des Abnâ' du Yémen. (En effet il y a une autre tribu appelée également Abnâ'). Il a transmis le Hadith sous l'autorité d'Abû Hurairah, Mu'âwiyah, 'Abdallâh ibn 'Abbâs, 'Abdallah ibn 'Urnar et 'Abdallâh ibn az-Zubair. Son propre frère Wahb ibn Munabbih, son neveu (fils de son frère) 'Aqîl ibn Ma'qil ibn Munabbih, 'Ali ibn al-Hasan ibn Atach et Ma'mar ibn Râchid ont transmis des récits sous son autorité. Is'hâq ibn Mansûr déclare sur l'autorité d'îbn Ma'în que Hammam est digne de confiance. Ibn Hibbân en a parlé dans son livre ath-Thiqât (dictionnaire biographique des rapporteurs de hadith digne de foi). Al-Maimûnî relate, sur l'autorité d'Ahmad : Hammam prenait part aux guerres du début de l'Islam (contre les empires byzantin et perse) et achetait des livres pour son frère Wahb. Il était élève d'Abû Hurairah et avait entendu de lui environ 140 hadiths. Tous ceux-ci n'avaient qu'une chaîne unique (ou source de transmission). Ma'mar avait étudié auprès de Hammam alors que ce dernier était devenu vieux et que ses sourcils s'étaient abaissés sur ses yeux.
 

(155) Tabaqât, V, 396.

(156) Le terme Abnâ' signifie les descendants, c.-à-d. de ces Perses qui s'étaient installé au Yémen après que ce pays eut été conquis par les Perses. L'Armée perse fut envoyée par l'empereur Anûcharwân à la requête du chef yéménite Saif ibn Dhû Yazan (ou: Yaz'an), pour combattre et chasser les Abyssins (cfibn al-Athîr, Usd al-ghâbah, I, 163; Ibn Hichâm, p. 41-43; Tabarî, Ta'rîkh index, s.v. Abnâ'.

(157) Tahdhîb at-Tahdhîb, XI, 67, N° 106; aussi. I, 574.

Hammam lui relisait ces hadiths mais, à un moment, Hammam se sentit fatigué; alors Ma'mar prit le livre et en pour-

(158) La généalogie s'arrête ici, mais le même auteur (ibid., XI, 166, N° 288), donnant la généalogie de son frère Wahb, dit: Ghaikh (où plutôt: Saih) ibn Dhû Kanâr al-Yamânî as-San'ânî adh-Dhimârî. Il convient de noter que les Abnâ, arrivèrent au Yémen après la naissance du Saint Prophète (en 569) bien que les généalogies ci-dessus mentionnées montrent que ce prétendu Abnâ' avait son père,
son grand-père et tous ses aïeux paternels porteurs de noms purement arabes (et non perses). On est obligé de supposer de ce fait que sa relation avec les Abnâ, résultait d'affiliation et d'alliance et non pas de descendance, et qu'il était vraiment d'origine yéménite. Il est aussi possible que durant la persécution religieuse du roi juif Dhû Nuwâs certains des ancêtres de Hammam aient embrassé le judaïsme (Dhû Nuwâs lui-même était un converti et non un Israélite de naissance).

suivit la lecture à haute voix (ce fut alors Hammam qui écouta). 'Abd ar-Razzâq (le narrateur de l'incident) ne put dire quel passage Hammam avait lu et quel passage lui avait été lu. Ibn Sa'd dit que sa mort survint en 31 H (159). Al-Bukhârî raconte que 'Alî (al-Madînî) déclarait : J'ai demandé à une personne qui a connu Hammam ibn Munabbih, à quelle date il est mort . Il répondit: en l'an 2H. (160) Se fondant sur l'autorité d'Ibn 'Uyainah, il déclara ensuite: «Il a dit ceci: J'ai attendu dix ans l'arrivée de Hammam». Moi (Ibn Hajar), je dis qu'Ibn Sa'd, (161) al-Khalîfah et ibn Hibbân ont tous déclaré qu'il mourut en l'an 31 ou 32. Al-'Ijlî a affirmé qu'il était yéménite, successeur des Compagnons (tâbi'i) et narrateur digne de foi».

§ 90 Dans son Kachf az-zunûn Hajji Khalîfah (162) écrit: «As-Sahîfah as-sahîhah, l'oeuvre de Hammam ibn Munabbih qui mourut en 131 H.(163) est l'ouvrage même qu'il a transcrit sur l'autorité d'Abû Hurairah».

(159) Comme nous venons de le voir, Ibn Sa'd (V, 396) a dit: «en l'année cent un ou cent deux. Un des premiers copistes doit avoir transcrit par erreur ceci par: cent trente et un - les deux graphies se ressemblant beaucoup sur le manuscrit—; plus tard, tout le monde, et-même al-Bukhârî, l'ont pris pour 131, et on a même attribué cela à Ibn Sa'd, coin me le mentionne ici Ibn Hajar et comme nous lisons aussi ailleurs, par exemple dans le al-Jam' bain rijâl as-sahîhain (11,554) : «'Alî al-Madînî déclare sur l'autorité d'une personne qui a connu Hammam, que ce dernier mourut en 132 bien qu'Ibn Sa'd ait dit qu'il mourut en 131. Allah   lui fasse miséricorde». Mais toutes ces affirmations sont à rejeter puisque fondées sur une erreur matérielle concernant ce dire d'Ibn Sa'd. (cessante ratîone legis cessât ipsa lex). Certes la date de naissance de son élève. Ma'mar, doit être prise en considération. Probablement Ma'mar est né vers l'an 85, et non 95 (six ou sept ans seulement avant la mort de Hammam en 10/1102 H.), comme une source le prétend. (160 et 161)

(162) in loco dans cet ouvrage disposé par odre alphabétique.

La préservation de la Sahîfah de Hammam

§ 91 La collection de hadith que Hammam obtint de son maître Abu Hurairah n'a été ni détruite par Hammam ni gardée exclusivement pour lui seul. A son tour, il l'a transmise à ses élèves et a continué jusqu'à son extrême vieillesse ce travail fait par amour consistant à enseigner ce livre et à le transmettre aux générations futures. Nombreuses ont dû être les personnes qui en furent instruites, mais par bonheur, il y eut parmi ses élèves un homme distingué et enthousiaste, Ma'mar ibn Râchid (164) qui, sans addition ou omission, le transmit à ses élèves. Ma'mar lui aussi eut la chance d'avoir un élève universellement estime qui se distingua, lui aussi, par son savoir; il se nommait 'Abd ar-Razzâq ibn Hammam ibn Nâfi' al-Himyarî (165)

(163) cf note 159, ci-dessus.

(164) Abu 'Urwah Ma'mar ibn Râchid (mort en 153 H;770)anon seulement conservé la Sahîfah de Hammam et transmis ce texte en son intégrité à la génération suivante mais a aussi fait un recueil original de hadith nommé al-Jâmi. Comme ce nom l'implique, il a rassemblé là toutes les traditions qu'il avait entendue de ses divers maîtres et notées sur leur autorité. Il est heureux pour la science que cet al-Jâmi' ait lui aussi été conservé et ait été récemment découvert en Turquie.
Une copie de ce document existe à la bibliothèque de la Faculté la philologie d'histoire et de géographie (Ismà'îl Sâib, collection N° 2164) de l'Université d'Ankara; elle est incomplète et défectueuse, mais très ancienne, datant de 364 H/974, et a été établie à Tolède (Espagne). L'autre copie est complète et on la trouve sous le no 542 à la bibliothèque Fayzullah à Istambul; elle date de 606 H/1209. Fuat Sezgin (anciennement de l'Université d'Istambul, actuellement à l'Université de
Francfort sur le Main) a publié en turc en article intéressant sur «les origines des ouvrages de hadith appelés musannaf et al-Jâmi' de Ma'mar ibn Râchid» (dans Tûrkiyat Mecmuasi, Istanbul, 1955/XII, 115-134). Les contenus de son ouvrage sont classés par Ma'mar en fonction du sujet et non des narrateurs (sources). Lors d'une lecture rapide du manuscrit d'Ankara, j'ai trouvé au moins huit à dix fois une référence à la Sahîfah de Hammam, mais il semblait que Ma'mar avait essayé dans son al-Jâmi' d'éviter les répétitions puisque c'était lui-même qui avait, à son tour, transmis la Sahîfah de Hammam et n'avait pas voulu amalgamer celle-ci avec son al-Jâmi'. (Depuis notre édition anglaise, les deux ouvrages, celui de Ma'mar et celui de 'Abd ar-Razzâq ont été édités; voir plus bas notre bibliographie).

.Lui encore était un brillant produit de ce même pays,si fécond en culture et en travail appliqué, l'Arabie Heureuse (le Yémen). Comme son maître Ma'mar, il décida de ne pas amalgamer la Sahîfah de Hammam avec son propre ouvrage mais il préserva l'intégrité de la Sahîfah et la transmit à la postérité sous sa forme originelle en tant qu'ouvrage indépendant. Plusieurs de ses élèves devinrent célèbres dans la science du hadith, comme Ahmad ibn. Hanbal, (166), as-SuIamî, Ibn Râhûyeh (maître d'al-Bukhârî pour la communication de notre Sahîfah), Ibn Râfi' (maître de Muslim, pour la même cause). Parlons des deux premiers.
Ahmad ibn Hanbal a incorporé la Sahîfah de Hammam, comme un chapitre particulier, dans son volumineux ouvrage al-Musnad, sous la rubrique «Récits d'Abû Hurairah», assurant ainsi la survie de la Sahîfah de Hammam aussi longtemps qu'existerait son propre Musnad. L'autre élève, as-Sulamî, continua à transmettre le travail de Hammam sous sa forme indépendante. Lui et ses élèves ont constitué une succession d'érudits compétents qui, génération après génération, gardèrent cet ouvrage dans toute sa pureté. Au temps de Muhammad ibn al-Hussain al-Qattân, deux de ses élèves, indépendamment l'un de l'autre et chacun de son côté le maintinrent intact.

(165) Erudit distingué de San'â (126-211 H/743-826) qui a écrit un célèbre ouvrage sur le hadith (maintenant édité en 10 volumes) appelé al-Musannaf. Il a poursuivi ses études non seulement avec Ma'rnar ibn Râchid mais aussi avec de nombreux autres maîtres de hadith de son époque. Rassemblant les informations issues de toutes ces sources différentes il a prodait un travail plus exhaustifquc ses prédécesseurs. J'ai jadis consulté les MSS d'Istanbul, Edirne et San'â, il y en a d'autres à Médine, Rabat, Tonk, Haïderabad-Sindh, Haïderabad-Deccan.

(166) Né et mort à Baghdad (164-241 H/780-855). Parmi ses maîtres on trouve non seulement Ma'inar ibn Râchid mais aussi ach-Châfi'î; et parmi ses élèves des spécialistes renommés de la tradition comme al-Bukhârî, Muslim, etc.

 L'un d'eux est Abu Tâhir Muhammad ibn Muhammad ibn Muhammad auquel nous devons le manuscrit du Caire. L'autre Ibn Mindah parmi les élèves duquel aussi il y eut une bifurcation de sorte qu'à l'un d'eux nous devons le manuscrit de Damas et à un autre celui de Berlin. Parmi les garants du manuscrit de Berlin, il y a des noms aussi célèbres qu'Ibn Jahbal, Ibn 'Asâldr et Ibn Jumâ'ah, et la transmission continua de génération en génération et se poursuivit au moins jusqu'à 856 H (date de notre manuscrit). Le précieux manuscrit de Damas fut d'abord en possession de Muhammad Ibn Ahmad al-Isbahânî, puis de son élève Muhammad ibn 'Abd ar-Rahmân ibn Mas'ûd al-Bandahi ( c.-à-d. de Panjdeh ) (167) qui, au temps des Croisades en 577 H/1181) enseignait cet ouvrage à la médrasa Nâsirîyah Salâhîyah fondée par le Sultan Salâhuddin (Saladin) à Damiette en Egypte. Par une très heureuse fortune, le manuscrit original qu'il utilisa a été conservé. En y donnant un coup d'œil, on trouve que cette copie manuscrite-là fut utilisée durant tout un siècle, c'est-à-dire jusqu'en 670 H/1271 par des maîtres et des savants de génération en génération: ce document faisait l'objet de lectures et de dictées à l'auditoire. Tous et chacun d'eux ont également consigné sur le manuscrit le fait qu'il avait été lu et les noms des élèves présents. Grâce à ses annotations nous apprenons qu'aux conférences d'al-Bundahî, maître d'al-Malik al-Afdal, fils de Salâhuddin assistaient le gouverneur militaire de Damiette et plusieurs hommes instruits et savants de Tannîs et de Damiette en Egypte. Le tableau ci-après donne les noms de ceux qui ont conservé vivante cette lumière de savoir de génération en génération:

(167) Pour sa biographie, voir Yàqût, Irchâd, VII, 20; as-Suyûtî, Bughyah, p. 66; Ibn Khallikân, Wafayât, N0 631; Brockelmann, GAL, éd. révisée du 1er vol., p. 437, et le Supplément au vol. I, 604.

§ 92 Comme nous venons de le constater, le texte de la Sahîfah de Hammam a été transmis de génération en génération d'une manière indépendante sous la forme d'un livre distinct; toutefois certains recenseurs de hadith l'ont inclus en totalité ou en partie dans leurs ouvrages. Parmi eux le plus ancien semble avoir été Ahmad ibn Hanbal. Sa méthode consistait à classer le hadith selon le nom du narrateur (classement par source). Aussi lui fut-il possible de reproduire la Sahîfah en entier dans son livre et de la garder intacte (cf son Musnad, II, 312-319). Cette disposition a présenté une double utilité. Le manuscrit nouvellement découvert de la Sahîfah de Hammam a pu être authentifié par compâraison avec le texte inclus dans le Musnad d'Ahmad ibn Hanbal. En même temps l'authenticité d'au moins une partie de Musnad d'Ahmad ibn Hanbal s'en trouve établie grâce à cette nouvelle découverte. Ainsi Hammam et Ahmad ibn Hanbal ont tous deux mérité la récompense d'Allah    . Cela non seulement leur assure un rang élevé dans l'au-delà mais aussi leur procure ici-bas honneur, gloire et reconnaissance de la part de la science.

§ 93 D'autres écrivains comme Ma'mar, 'Abd arazzâq, al-Bukhârî, Muslim etc. ont composé leurs ouvrages sur le hadith selon les thèmes et non selon les sources de leurs narrations. Ainsi ont-ils été obligés de disperser les traditions de Hammam en différents chapitres de leurs ouvrages. Dans une très rapide lecture, par exemple, nous avons pu retrouver les récits suivants de Hammam dans différents chapitres du Sahîh d'al-Bukhârî et du Sahîh de Musiim citant l'un et l'autre la Sahîfah de Hammam. C'est un fait remarquablement impressionnant que de constater qu'il n'y a aucune différence entre Hammam d'une part, et al-Bukhârî et Muslim de l'autre. Tel n'est pas le cas chez les autres compilateurs du hadith qui, .sans changer le sens, ont néanmoins parfois rapporté le même hadith par l'emploi de synonymes ou même de périphrase. En fait presque tous les hadiths de notre Sahîfah ont de multiples narrateurs parmi les Compagnons du Prophète, à côté d'Abû Hurairah. Il y a même des élevés d'Abû Hurairah autres que Hammam qui les rapportent d'après Abu Hurairah -al-A'raj surtout- ce qui a conduit Châkir à penser à l'existence d'un livre d'al-A'raj. Dans le tableau ci-après, nous donnons les numéros d'ordre de Hammam avec en regard les références se rapportant à al-Bukhârî et à Muslim: «K» signifie kitâb (chapitre), «B» signifie bâb (section), et N° le numéro du hadith dans la section:

HAMMAM

AL-BUKHARI

MOUSLIM

1

Kitab.83 Bâb 1 N1 +Kitab.91 Bâb 40 fi'l-manam

Kitab.7 N30

2

 

Kitab.43.N23

3

   

4

 

Kitab.43.N20

5

   

6

Kitab78 adab.Bâb57

 

7

 

Kitab.7.N23

8

 

Kitab.5.Bâb."fadl salat as-soubah wa'l-asr.N2 

9

   

10

 

Kitab.4.Bâb tasmi wa tahmid N7

11

 

Kitab.15.Bâb.jawaz roukoub al badanah N3

12

 

Kitab.51.N35

13

   

14

14a

Kitab.83.Bâb3 N9

Kitab 49 Bâb 20

 

15

   

16

   

17

 

Kitab.40.Bâb qatl el hayat...N28

18

 

Kitab.33.Bâb.fadl el jihad N5

19

   

20

   

21

 

Kitab.33.Bâb.wujub tahat el oumara N6-7

22

 

Kitab.48.Bâb.raf el ilm

23

Kitab.61.Bâb.24.N36

Kitab.52.N21

24

le meme

 

25

Kitab.65.Tafsir sourate 6

Kitab.1 Iman.Bâb.bayan az-zaman....N2

26

 

Kitab.4.Bâb.fadl al-azan.N8

27

Kitab.97.Bâb.22.N2

Kitab.12.Bâb.al-hathth 'ala an-nafaqah.N2

28

 

Kitab.43.Bâb.fadl an-nazar ila an-nabi N1

29

Kitab.56.Bâb,.155

Kitab.32.Bâb.jawaz al-khida.N2

Kitab.52.Bâb.la takoum as-sàah...N29

30

Kitab.97.Bâb.35.N7

 

31

 

Kitab.43.Bâb.tauqiruh wa ...N3

32

   

33

 

Kitab.48.N6

34

   

35

 

Kitab.2.Bâb.hukm wulugh al kalb.N5

36

 

Kitab.5.Bâb.salat el jami'ah wa bayan at-tachid.N12

37

   

38

   

39

Kitab.82.Bâb.6.N2

 

40

en partie Kitab.56.Bâb.155

Kitab.12.Bâb.al hathth ala nafaqah N2

41

Kitab.60.Bâb.48.N9

Kitab.43 N7

42

   

43

Kitab.10.Bâb.72

Kitab.4.Bâb. i'timam al-ma'mum N11

44

 

Kitab.4.Bâb.taswiyah-as-sufuf N5

45

 

Kitab.46.Bâb.hijaj Adam wa Moussa.N6

46

           Kitab.60.Bâb.22  +                      

Kitab.97.Bâb.35.N7

 

47

Kitab.24.Bâb.15.N3en partie+

Kitab.60.Bâb.38.N1

Kitab.65 tafsir.Sourate 17 N17

 

48

 

Kitab.42 N20

49

Kitab.79.Bâb.4

 

50

   

51

Kitab.65.tafsir.sourate 50.N3

Kitab51.Bâb. an-nar yadkhuluha al-jabbarun N4

52

   

53

 

Kitab.1.Bâb.idha hamm ar-rajoul bi-hasanah N3

54

   

55

 

Kitab..Bâbma'rifah tariq ar-ru'yah N3

56

   

57

Kitab.60.Bâb.2.N5

 

58

Kitab.79.Bâb.1

Kitab.51.Bâb.yadkhul al-jannah aqwam N2

59

Kitab.60.Bâb.33.N1

Kitab.43.Bâb,min fada'il Moussa N4

60

Kitab.5.Bâb.20

Kitab.2.Bâb.jawaz ghu'soul  uryanan N1 +Kitab.43.Bâb.min fada'il Moussa N1

61

   

62

 

Kitab. 21 buyu', Bâb  tah-
rim mail a]-ghai)i,N"2
.

63

 

Kitab 38 adab, .Bâb  laliritii at-tasamnn bi-
malik al-amlak, N" 2,

64

 

Kitab.37 libas, Bâb  tah-rim at-tabakhtur,N4.

65

   

66

Kitab.82.Bâb.3.N3

Kitab.46.Bâb.ma'na koulou mouloud youlad ala fitrah N6

67

 

Kitab.52.Bâb.mabahina an-nafkhatain N3

68

Kitab.30.Bâb.49.N2

 

69

 

Kitab.2.Bâb.N5

70

Kitab.53.Bâb.11+ Kitab.56.Bâb.71

+Kitab.56.Bâb.126

 Kitab.12.Bâb.ism as-sadaka....N8

71

Kitab.90.Bâb 3.N3

 

72

Kitab.90.Bâb 3.N3

 

73

 

Kitab.2.Bâb. nahy'an al-baoul...N3

74

   

75

Kitab.67.Bâb.85

Kitab.12.Bâb.ma anfaq al-abd....N3

76

 

Kitab.48.Bâb.karahah tamanni al-maut N6

77

 

Kitab.40.Bâb.karahiyah tasmiyah.....N5

78

Kitab.60.Bâb.53.N7

Kitab30.Bâb.istihbab islah al-hakim N1

79

 

Kitab.49.Bâb.al hadd ala at-taubah N3

80

 

Kitab.48.Bâb.al-hathth ala dhikr Allah N3

81

 

Kitab.2.Bâb.al-itar fi al-istnhar

82

Kitab.94.Bâb.2

 

83

   

84

Kitab.49.Bâb.17.N3

Kitab.40.Bâb.hukm atlaq lafzah al-abd N7

85

Kitab.59.Bâb.8.N6

Kitab.51.Bâb.fi siffat al-jannah

86

   

87

 

Kitab.32.Bâb.tahlil al-ghana'im li-hadhihial-ummah N1

88

 

Kitab.45.Bâb.tahrim ta'dhib....N4

89

 

Kitab.1.Bâb.bayan annahu la yadkhulu al-jannah illa al-mouminoun N12-13 

90

   

91

 

Kitab.4.Bâb.tasbih ar-rajul.....N3

92

Kitab.4.Bâb.70.N3

Kitab.33.Bâb.fadl al-jihad N5

93

   

94

Kitab.45.Bâb.6

Kitab.12.Bâb.tahrim azzakat....N5

95

Kitab.83.Bâb.1.N3

 

96

Kitab.52.Bâb.24.N1

Kitab.21.Bâb.hukm bai al-musarrat N6

97

   

98

   

99

Kitab.92.Bâb.7

Kitab,45.Bâb.an-nahy an-alicharah bi'sillah illa muslim N3

100

Kitab.64.Bâb.25

Kitab.32.Bâb.ichtihad ghadab ALLAH n1

101

   

102

   

103

Kitab.2.Bâb.32.N2

Kitab.1.Bâb.idha hamm al=abd bi hasanah

104

   

105

 

idem

106

Kitab.65.tafsir,sourate 112 N2

 

107

 

Kitab.5.Bâb.istihhab....N3

108

Kitab.4.Bâb "la toukbel salat bi-ghair tahoura" +Kitab.90.Bâb.2

Kitab.2.Bâb.wujub at-tahara... N3

109

 

Kitab.5.Bâb.istihab ityan....N3 

110

 

Kitab.38.Bâb.bayan ar-rajulain.........N3

111

   

112

   

113

Kitab.60.Bâb.29.N3

 

114

   

115

Kitab.60.Bâb.30 + Kitab. 65. tafsir sourate 2. N1

Kitab.54.tafsir N1

116

 

Kitab.6.Bâb.amr man na'as N6

117

   

118

 

Kitab.27.Bâb.thawab al-abd N5

119

Kitab.8.Bâb.38

 

120

   

121

   

122

Kitab.97.Bâb.31 N14

 

123

Kitab.57.Bâb.8.N6

Kitab.57.Bâb.tahlil al ghanaim.......N1

124

Kitab.91.Bâb.30

 

125

Kitab.61.Bâb.24.N18

 

126

   

127

Kitab.61.Bâb.24.N18

 

128

 

Kitab.33.Bâb.an-nas tab li-Quraich N2

129

   

130

Kitab.76.Bâb.36 + Kitab.77.Bâb.86.N1

 Kitab.39.Bâb.tibb,N3

131

   

132

   

133

 

Kitab.43.Bâb.fadl'isa N3

134

Kitab.64.Bâb.71.N3 + Kitab.91.Bâb.91

Kitab.42.Bâb.ru'ya' an-nabi N5

135

   

136

   

137

   

138

 

Kitab.32.Bâb.hukm al-fai N1

§ 94 Une recherche plus patiente et assidue mettra peut-être en lumière quelques autres traditions de Hammam qui se trouvent incorporées dans les ouvrages d'al-Bukhârî et de Muslim et qui sont rapportées sur l'autorité de Hammam lui-même, laissant de côté des traditions communes à Hammam d'une part, al-Bukhârî et ou Musiim d'autre part et que ces derniers citent sur l'autorité d'autres personnes que Hammam. (Je remercie le Prof. Yùsiifuddîn et ses amis pour plusieurs références d'al-Bukharî et de Muslim qui ont été données ci-dessus).

§ 95 De toutes manières la liste ci-dessus des narrations parallèles montre que sur les 138 hadiths (plus un qui ne figure pas sur notre manuscrit mais est cité dans la section correspondante du Musnad d'Ahmad ibn Hanbal) il y en a 99 que l'on retrouve chez al-Bukhârî ou Musiim, 29 sont cités par les deux, 22 autres par al-Bukhârî seul et 48 autres par Musiim seul. Pour ce qui concerne Musiim, il y a lieu de signaler qu'il cite ces traditions en général dans les termes suivants: «Ma'mar nous a rapporté un hadith sur l'autorité de Hammam ibn Munabbih qui a dit: C'est un hadith qui nous a été rapporté par Abu Hurairah d'après le Messager d'Allah  r  , et il a rapporté un certain nombre de hadiths dont le suivant: Et le Messager d'Allah  r  a dit:. . .»

§ 96 Quand on compare le travail de Hammam à ceux d'al-Bukharî et de Muslim, il est significatif de noter que malgré un fossé de plusieurs siècles entre eux, et le fait qu'ils aient été séparés par des générations de narrateurs, pas un seul mot n'a changé et encore moins le sens d'aucune de ces traditions. On doit s'incliner avec respect devant un soin aussi extraordinairement scrupuleux et une aussi grande rectitude.

§ 97 Le tableau de citations parallèles que nous avons donné plus haut est motivé par le désir de mettre en relief un aspect de la question et de citer quelques cas seulement à titre d'exemples. Il n'a pas paru nécessaire de suivre les traditions de Hannnâ.m dans d'autres recueils de hadith tel que le Jâmi' de Ma'mar, le Musannaf de 'Abd ar-Razzâq, ou chez at-Tayâlisî, Ibn Abî Ghaibah, Ibn Râhûyeh, Ibn 'Uwânah ou autres prédécesseurs d'al-Bukhârî dont les ouvrage sont parvenus jusqu'à nous, qui ont aussi cité ces traditions sur l'autorité de Hammam.

§ 98 II y a cependant un point qu'on ne peut omettre dans ce contexte: c'est la chaîne des narrateurs successifs des traditions attribuées au Saint Prophète r. Lorsque al-Bukhârî a. cité un hadith fondé, par exemple, sur l'authorité d'Ahmad ibn Hanbal, (lui-même d'après 'Abd ar-Razzâq, lui-même d'après Ma'mar, lui-même d'après Hammam, lui-même enfin d'après Abu Hurairah), un sceptique, jusqu'à récemment encore (alors qu'on ne disposait pas d'œuvres plus anciennes), aurait eu le droit de douter et de prétendre qu'al-Bukhârî n'avait pas dit la vérité mais purement et simplement forgé soit la chaîne de transmetteurs, soit le contenu,soit les deux. Mais aujourd'hui nous savons que le Sahîh d'al-Bukhârî, le Musnad d'Ibn Hanbal, le Musannaf de 'Abd ar-Ray.zâq, le Jâmi' de Ma'mar et la Sahîfah de Hammam sont parvenus jusqu'à nous; on les trouve même dans des éditions imprimées. Disposant de toutes ces sources antérieures, on ne peut plus désormais imaginer qu'al-Bukhârî ait mentionné quoi que ce soit qu'il aurait forgé ou pris chez des faussaires; au contraire, les chaînes complètes des narrateurs successifs de chaque récit, allant de lui jusqu'à l'époque d'origine montrent que tout porte le cachet d'authenticité. Grâce à la découverte récente de ces ouvrages plus anciens, il nous est maintenant possible de contrôler la véracité de chacun. On est forcé de les reconnaître comme absolument authentiques: quel glorieux record d'authenticité ne détiennent-ils pas!

§ 99 II est évident que le manuscrit de Hammam ne peut être collationné avec les recueils d'al-Bukhârî et les autres qui ne reproduisent que partiellement la Sahîfah de Hammam (Ahmad ibn Hanbal et Ibn Kathir exceptés) : le plus que nous puissions faire, c'est de glaner des traditions dont ils font mention dans divers chapitres et qui se retrouvent dans la Sahîfah de Hammam. Le cas est différent pour Ahmad Ibn Hanbal et ses semblables qui ont reproduit dans leurs ouvrages la Sahîfah de Hammam dans son entier sans même en modifier l'arrangement. D'une comparaison avec le Musnad d'Ahmad, il ressort que:

1. L'ordre des contenus est le même dans le manuscrit de Hammam et dans le Musnad d'Ahmad ibn Hanbal, à l'exception des traditions N° 13, 93, 116 et 138 qui ont été simplement transposées mais dont le texte demeure absolument inchangé. Le fait de la transposition peut être attribué aux copistes.

2. Dans le Musnad d'Ahmad ibn Hanbal se trouve un bref hadith de cinq mots qui manque dans nos manuscrits de Hammam (voir plus loin, note en bas de page concernant la traduction du hadithN. 14/a,p.l31). En revanche les hadiths N° 3 et 5 du manuscrit de Hammam manquent dans le Musnad d'Ibn Hanbal. Notre information se fonde sur les deux éditions existantes du Musnad, et l'on ne sait plus maintenant lequel des transmetteurs intermédiaires en est responsable.

3. Notre manuscrit de Hammam répète la phrase: «et il appela la guerre une ruse» dans les traditions 29 et 40 ; dans le Musnad d'Ibn Hanbal cela n'est mentionné que dans le N° 40 et manque dans le N° 29. Est-ce une correction ou une erreur, nous ne pouvons en décider.

4. Dans quelques détails qui n'affectent en aucune façon la portée réelle du hadith, on observe parfois quelques différences de lecture; par exemple il arrive que le mot «Allah  » soit suivi de la formule respectueuse: «qu'il soit exalté» ou d'autres fois par: «Lui, Tout-Puissant et Plein de Majesté». De même quelquefois le mot «Prophète» est employé tandis que d'autres fois c'est «le Messager d'Allah    » ou le nom personnel «Abu'I-Qasim»: ces formules toutes
interchangeables ne créent point de difficulté de sens.

5. Il se peut que quelques variantes insignifiantes se soient glissées dans les copies manuscrites d'un livre. Ainsi les différences que l'on trouve entre les manuscrits de Damas, de Berlin et du Caire correspondent aux variantes entre le manuscrit de Hammam et le Musnad d'Ibn Hanbal. Les éditeurs des textes anciens sont habitués à cela, et ces variantes, dans le cas du présent ouvrage, n'affectent nulle part le sens. Ces variantes ont toutes été signalées dans les notes en bas de page à leurs places respectives.

§ 99 (a) Des auteurs autres qu'Ibn Hanbal qui ont cité la totalité de notre Sahîfah, on parlera plus loin, voir § 118 (b) et 118 (d).

L'Isnâd ou la chaîne des sources successives

§ 100 Les savants modernes, dans des ouvrages érudits, citent les sources concernant les relations de faits importants. Mais même dans les travaux les plus documentés il existe deux handicaps:

a) En cas des travaux publiés, il n'est guère possible voire il est impossible de vérifier s'il y a des Fautes d'impression ou d'autres inexactitudes; cela n'arriverait pas si l'on se rapportait a un ouvrage qu'on a entendu lire par l'auteur lui-même ou si l'on en obtenait une copie certifiée conforme par l'auteur lui-même où-en cas d'ouvrages anciens-par ceux qui ont eu l'occasion de l'entendre de l'auteur ou de son transmetteur attitré;

b) aujourd'hui on se contente d'une source immédiate sans chercher à retrouver les sources ayant précédé cette source et à remonter successivement jusqu'au témoignage oculaire de l'événement; dans les travaux sur le hadith le cas a été différent:

§ 101 Depuis les temps les plus anciens, le trait caractéristique des historiens musulmans - et qu'est le hadith sinon le matériel de l'histoire du temps du Prophète de l'Islam (168)- et d'autres narrateures a été de citer de manière cxhaustive les sources de leur information et les sources des ces sources pour remonter jusqu'à la personne qui a été originellement témoin de l'événement soit comme l'ayant vu de ses propres yeux soit comme ayant entendu les propos de ses propres oreilles. Feu le Prof. Muhammad Zubair Siddiqi de l'université de Calcutta a écrit un intéressant article à ce sujet montrant comment cette méthode (de ne pas se contenter de la seule source immédiate mais de retrouver les intermédiaires entre le narrateur et l'événement) avait son origine chez les Musulmans et que ce système était à peine connu des peuples de civilisations plus anciennes ou même des peuples d'aujourd'hui. (169)

(168) Que cela ait toujours été entendu, ainsi, le fait suivant en porte témoignage ; en effet, le titre complet du recueil d'al-Bukhârî est: «Recueil abrégé authentique, attesté par une chaîne exhaustive de sources, de ce qui se rapporte aux affaires du Messager d'Allah     et de son temps» (al-Jâmi' as-sahîh al-mukhtasar al-musnad min umûr rasûl'illâh wa aiyâmih).

§ 102 L'isnâd ou la chaîne des sources successives pour le possesseur du manuscrit de Damas de la Sahîfah de Hammam est le suivant: Muhammad ibn 'Abd ar-Rahmân al Bandahi (:Panjd-déhî), de Muhammad ibn Ahmad al-Isfahânî, de 'Abd al-Wahhâb ibn Muhammad ibn Mindah, de son père Muhammad ibn Is'hâq ibn Mindah, de Muhammad ibn al-Hussain al-Qattân, d'Ahmad ibn Yûsuf as-Sulamî, de 'Abd ar-Razzâq ibn Hammam ibn Nâfi', de Ma'mar ibn Râchid, de Hammam ibn Munabbih, d'Abû Hurairah, du Saint Prophète-la chaîne entière s'étendant sur une période de cinq cent soixante-quinze ans.

§ 103 Mais l'homme est susceptible d'erreur et, apparemment par l'inadvertance d'un copiste, un nom intermédiaire a été omis. En effet le quatrième de ces onze intermédiaires, Muhammad ibn Is'hâq ibn Mindah, est censé avoir reçu la lecture de l'ouvrage de la bouche de Muhammad ibn al-Husain al-Qattân. Mais en fait Muhammab ibn Is'hâq ibn Mindah naquit en 310 H/ 922 alors que son prétendu maître était déjà mort depuis huit ans (mort en 302 H/ 914). (170) II est évident que les deux personnes n'ont pu se trouver en relation de maître et élève. Le chaînon entre Ibn Mindah et al-Qattân est manquant.

§ 104 II semble s'être agi d'une erreur de copie et qu'une ligne entière ait échappé à l'œil du copiste; le fait que l'erreur n'a pas été découverte doit tenir à ce que, sur cette il n'y avait qu'un seul nom, un unique chaînon de la chaîne de l'isnâd. En outre, cette ligne et la suivante commençant accidentellement par les mêmes mots, il en est résulté que le scribe a sauté une ligne.

(169) cfp. 43 à 55 de sa publication «as-Sair al-hathîth fî ta'rîkh tadwîn al-hadîth» qui a été lu et imprimé dans les Comptes-rendus du Congrès de la Dâ'irat al-ina'ârif al-'uthmânîyah, à Haïderabad-Deccan en 1358/1939. (M. Zubair Siddiqi décéda le 18 mars 1976, à Calcutta, Inde).

(170) as-Sam'ânî, Ansâb, s.v. Qatlân.

§ 105 A l'appui de cette hypothèse est le fait que de même que 'Abd al-Wahhâb ibn Mindah fut instruit par son père qui lui transmit la Sahîfah. de Hammam, de même Muhammad ibn al-Husain al-Qattân instruisit son fils et lui transmit le livre. Ce fait est attesté par une relation d'as-Sam'ânî dans son dictionnaire biographique Kitâb al-ansâb (au mot Qattân). On peut donc conclure que l'isnâd ci-dessus mentionné a dû se lire: «nous a informés mon père l'imam Abu 'Abdallâh Muhammad ibn Is'hâq disant: nous a informé (Abu Is'hâq Ibrâhîm ibn Muhammad ibn al-
Husain al-Qattân disant: nous a informés mon père l'imam)
(171) Abu Bakr Muhammad ibn al-Husain. . .»

§ 106 On remarquera qu'aussitôt après «Muhammad ibn Is'hâq» vient le mot «Abu Is'hâq». On remarquera aussi que les mots «nous a informés, mon père l'imâm» se répètent sur deux lignes consécutives. On comprend aisément comment l'œil du copiste a été trompé et ce n'est pas sa faute si nul autre, plus tard, n'a découvert l'omission. Cette chaîne ne comporte pas un ou deux noms mais une longue liste de douze noms et si, par hasard, un nom a été omis non seulement l'auditeur du cours n'y fait pas grande attention, mais aussi le texte réel du recueil de hadiths ne s'en trouve point affecté.

(171) Le passage entre parenthèses semble correspondre au contenu de la ligne omise par inadvertance par le copiste du manuscrit.

§ 107 Mais quand cette erreur a-t-elle été commise?
Il semble que l'on puisse repondre à cette question. Cette erreur se irouvc non seulement sur le manuscrit de Damas mais encore sur celui de Berlin: les deux isnâds, de l'un et de l'autre se rencontrent sur le nom de 'Abd al-Wahhâb ibn Muhammad ibn Mindah et, de là, procèdent de manière identique, comme nous l'avons vu ci-dessus (v. § 91). Il semble donc que l'erreur soit survenue dans le manuscrit préparé pour 'Abd al-Wahhâb ibn Mindah.

§ 108 La preuve qu'il s'agit là d'une erreur de détail, une erreur de forme et non de fond peut-on dire qui n'affecte nullement le texte principal, est apportée encore par le fait qu'environ deux siècles avant que cette erreur ait été commise, la totalité du texte avait été conservée par un autre auteur, Ahmad ibn Hanbal; lorsque aujourd'hui on compare les deux sources—le Musnad d'Ahmad ibn Hanbal et le manuscrit de la Sahîfah de Hammam— on s'aperçoit qu'ils sont tout à fait identiques. Ainsi se trouve établi le fait que l'erreur du scribe n'affecte ici en aucune manière le livre original. Cependant que le Musnad d'Ibn Hanbal prouve que les traditionnistes des siècles qui l'ont suivi n'ont en rien failli à l'honnêteté, et maintenu intact la Sahîfah de Hammam ; de leur côté, les manuscrits nouvellement découverts de la même Sahîfah permettent d'établir avec certitude qu'Ibn Hanbal a préservé la Sahîfah de Hammam avec tous les scrupules qui garantissent la véracité scientifique et l'intégrité. Il n'aurait pu prévoir que onze siècles et demi après sa mort on pourrait conduire une investigation sur la véracité et l'intégrité de son savant ouvrage. On a trouvé qu'il était strictement exact en ce qui concerne la Sahîfah de Hammam et il n'y a nulle raison au monde pour qu'il ait été fraduleux dans les autres parties de son Musnad.

§ 109 Hammam ibn Munabbih mourut en 101 H/719, II a dû être en possession de cette Sahîfah avant 59 H/677, date de la mort d'Abû Hurairah. Et maintenant, en 1372 H/1953, 172) après un intervalle de plus de treize siècles, pas une seule altération ne s'est infiltrée dans le texte de ce recueil: tout s'est conservé intact. Il va de soi qu'également dans la courte période (173) située entre l'audition des dires du Prophète et leur mise par écrit par Abu Hurairah il n'y a eu ni changement ni altération. Qui plus est, ces traditions ont été transmises non seulement par Abu Hurairah mais, indépendamment de lui, par d'autres Compagnons du Prophète aussi, et dans chaque cas la chaîne des narrateurs (isnâd) a été différente. Certaines traditions ont été racontées par plusieurs Compagnons, et tous relatent le même fait. Si l'on n'avait pas craint d'ennuyer ou d'être trop long, on aurait aisément pu montrer en détail comment, en plus d'Abû Hurairah, chacune des traditions contenues dans la Sahîfah de Hammam a été rapportée par d'autres Compagnons, de quelle manière chacune d'elles est parvenue jusqu'à nous et comment chacune est appuyée et corroborée par les autres. Dans de telles conditions on ne peut guère craindre une quelconque fraude textuelle de la part d'Abû Hurairah, puisque plusieurs Compagnons, chacun à partir de sa propre mémoire, rapportent les mêmes mots de la conversation du Prophète, chacun d'eux ayant transmis sa version indépendamment des autres. Ces traditions n'auraient jamais pu être forgées au 3e ou 4e siècle de l'Hégire par al-Bukhârî, Muslim ou les autres auteurs des six recueils canoniques de hadith (sihâh sittah) ; elles ont été en fait incorporées par eux dans leurs livres, considérant le fait que ces traditions avaient été préservées et transmises depuis les premiers temps, avec un sens de parfaite honnêteté et fidélité.

(172) Date de la première édition arabe de cet ouvrage, à Damas.

(173) Peut-être de quelques heures.

§ 110 Ce sont là des faits qui ne peuvent ne pas faire impression sur tout esprit scientifique et qui confirment notre confiance dans les livres de hadith en général.

 

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